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La xénophobie augmente-t-elle en France ?

On entend souvent dire, dans l’opinion mais aussi dans les médias et parmi des élus politiques, en France, que la xénophobie est en hausse et la tolérance à l’égard de la diversité en baisse. Le service statistique du ministère de l’Intérieur a publié un rapport en mars 2024 indiquant que les actes antisémites et xénophobes ont augmenté de 32 % en 2023 par rapport à 2022, surtout en fin d’année, ce qui s’explique évidemment par l’attaque du Hamas contre Israël : d’un côté, elle a ravivé l’islamophobie, de l’autre l’antisémitisme.

La mort de Nahel M. fin juin 2023, jeune franco-algérien tué par un policier à bout portant, a aussi donné lieu à des émeutes dans toute la France, qui ont fait des dégâts très importants : des milliers de voitures et de bâtiments brûlés ou endommagés (magasins, gendarmeries, agences bancaires, bibliothèques, établissements scolaires, bureaux de poste, bus…), des pillages, trois morts, des blessés graves chez les émeutiers, 700 policiers blessés. L’événement a généré un débat public. Les syndicats de police ont qualifié les émeutiers de « hordes sauvages » et de « nuisibles », des hommes politiques de droite ont demandé des sanctions exemplaires et un renforcement des mesures sécuritaires ; certains ont aussi fait le lien avec l’immigration jugée galopante. La gauche a peu réagi, ces événements étant évidemment condamnables. Tous les essais de compréhension des émeutes sont facilement disqualifiés. Ces événements ont évidemment pu nourrir une montée de la xénophobie.

Cette croissance de la xénophobie viendrait aussi du « problème » de l’immigration, jugée massive, entraînant un sentiment d’envahissement chez certains, que les partis de droite radicale exploitent. La question migratoire aurait rendu nécessaire, en 2022, une énième loi pour durcir les politiques migratoires et éventuellement régulariser des migrants ayant un emploi. La loi a connu — en 18 mois — beaucoup de rebondissements parlementaires et occupé largement le débat public. Après avoir été durcie par Les Républicains, elle a finalement été adoptée avec les voix du Rassemblement national, avant que certaines mesures soient rejetées par le Conseil constitutionnel.

Certains sondages laissent penser que l’opinion publique s’est fortement radicalisée puisqu’en avril 2024, 67 % des sondés disent être favorables à une mesure d’expulsion vers l’étranger des migrants en situation illégale, comme le proposait alors le gouvernement conservateur du Royaume-Uni (sondage CSA / CNews, Europe 1, Journal du dimanche). Et selon le même institut, toujours pour CNews, 80 % des Français seraient opposés à l’arrivée de plus de migrants en France. Le thème est très souvent abordé par cet institut, propriété du groupe Bolloré, avec des questions assez simplistes et sans possibilité de nuances dans les réponses. L’institut donne d’ailleurs très peu d’indications sur ses pratiques.

Tous ces faits semblent donc aller dans le sens d’une montée de la xénophobie ces d...