Voici un livre d’histoire que les défenseurs de la cause écologique pourront utilement lire et méditer pour se projeter dans l’avenir. Il raconte la très courte et très improbable campagne de René Dumont aux élections présidentielles de 1974, et les premiers pas de l’écologie politique dans une France qui est alors en pointe sur la question.
René Dumont a été en effet le premier candidat écologiste à s’être présenté à une élection d’importance nationale dans une démocratie. C’était il y a tout juste 50 ans. Et il a obtenu 1,32 % des voix, alors que le mot « écologie » était à peine connu du grand public.
Les anciens combattants de l’écologie politique — ces boomers aujourd’hui conspués par leur successeurs — respireront, en lisant ce livre, un délicieux parfum de nostalgie. Des noms comme La Gueule ouverte (journal satirique écolo), Le Sauvage (supplément écolo du Nouvel Obs) ou Les Amis de la Terre leur rappelleront de joyeux et vifs débats. En ce temps-là, libertés et écologie pensaient pouvoir marcher du même pas. Les héros de l’écologie s’appelaient René Dumont, André Gorz, Ivan Illich ou Brice Lalonde, et ils savaient faire rêver.
Mais l’intérêt de l’ouvrage est ailleurs : dans sa capacité à expliquer pourquoi le bel élan créé par René Dumont s’est ensuite essoufflé. Alors que Brice Lalonde, reprenant le flambeau de l’agronome, est parvenu à convaincre 3,87 % des électeurs au premier tour de la présidentielles de 1981, Yannick Jadot, 40 ans plus tard, fera à peine mieux (4,62 %).
D’abord l’élan. René Dumont a eu l’énorme mérite d’installer, au plus haut niveau de la vie politique, une cause écologique qui n’était encore que marginale pour une grande majorité de l’opinion. Sollicité par un tr...
