Revue

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Rénovation des logements : quel potentiel ?

En France, le secteur du logement représente un quart de la consommation d’énergie finale et 15 % des émissions de gaz à effet de serre. Sept millions de logements sont considérés comme peu efficaces énergétiquement (étiquette énergie DPE [diagnostic de performance énergétique] en F ou G) [1]. Face à ce constat, le gouvernement s’est fixé pour objectif, en 2018, de rénover en profondeur 500 000 logements par an, dont la moitié occupés par des ménages aux revenus modestes [2]. Dans les faits, plus de 1,5 million d’actes de rénovation sont réalisés chaque année, mais ils sont très souvent peu efficaces sur le plan énergétique (seuls 5 % permettent de gagner deux classes de performance énergétique en DPE) [3].

Néanmoins, des études récentes conduisent à revoir à la baisse le potentiel d’économies d’énergie obtenues grâce aux travaux de rénovation, tout en invitant à prendre en compte d’autres bénéfices de ces travaux. Ainsi, en octobre 2018, l’ADEME a publié les résultats d’une enquête qui indique que seul un quart des travaux de rénovation énergétique des logements ont un impact énergétique [4]. Cette conclusion fait suite à différents travaux de recherche sur ce sujet.

Le CEREMA (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement) a analysé les impacts de la rénovation énergétique profonde d’une centaine de logements entre 2012 et 2016. L’objectif de ces rénovations était d’atteindre le niveau BBC (bâtiment basse consommation), soit le niveau du neuf actuel. Le coût moyen de la rénovation s’est élevé à 68 000 euros hors taxes (HT), payés en grande partie par le propriétaire (et pour un quart par des aides publiques), soit un coût moyen de 465 euros HT par mètre carré [5].

Le gain théorique d’énergie de ces rénovations correspond à un facteur 3. Néanmoins, les gains réels enregistrés correspondent plutôt à un facteur 2. Le potentiel réel de la rénovation est en effet réduit par deux facteurs principaux :

1) Les estimations des gains théoriques reposent sur une méthode normative concernant la construction du logement (et donc sa consommation théorique), les comportements des occupants, la météo locale… Or, ces présupposés se traduisent par un décalage entre la consommation théorique et la consommation réelle : ainsi, avant rénovation, les consommations réelles de chauffage peuvent être inférieures de 40 % aux consommations théoriques. Ce décalage peut expliquer que les économies théoriques attendues par la rénovation ne s’observent pas dans la réalité puisque l’on compte des éc...