L’irruption en 2022 des systèmes d’intelligence artificielle générative (ou SIAG), par le biais de générateurs d’images (tels que Midjourney, lancé en juillet 2022) puis de textes (tel ChatGPT, dont la version 3 a été proposée au public en décembre 2022), est un événement récent. Néanmoins, ces systèmes se sont immédiatement imposés comme des phénomènes sociaux, économiques et culturels majeurs, en raison tant de leurs performances, toujours plus poussées, que de la variété et de l’ampleur de leurs usages et de leurs conséquences, effectives ou envisageables. Compte tenu de leur caractère à la fois récent et largement inédit, il est difficile de leur appliquer une grille d’analyse éprouvée. À certains égards, on peut considérer les SIAG comme la continuation des développements de l’IA dite faible, et les analyser en tant que tels. Mais à d’autres points de vue, ils constituent une véritable rupture et nombre de leurs commentateurs sont dépourvus d’outils préétablis pour les mettre en perspective.
L’objet de cette analyse prospective est donc double : d’une part, établir un panorama des multiples enjeux soulevés par les SIAG depuis leur apparition récente (géopolitiques, économiques, sociétaux, culturels…) et, d’autre part, malgré le fort degré d’incertitudes inhérent à ce sujet, proposer des pistes concernant leurs possibles évolutions à court et moyen termes. Ce texte s’inscrit dans le cadre d’un groupe de travail (GT) animé par Futuribles International, qui a mobilisé plusieurs dizaines de membres de l’association à l’occasion de cinq séances thématiques, dont les observations et participations ont contribué à alimenter et affiner la réflexion ici proposée. Il s’appuie également sur un travail de veille médiatique, de lecture de rapports, d’études et d’essais, ainsi que sur l’apport d’experts sur des domaines spécifiques, notamment Alexei Grinbaum (CEA / Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives, sur les questions de fonctionnement et de capacités technologiques), et Vincent Fauchoux (cabinet DDG / Deprez Guinot Associés), sur les enjeux législatifs et de droit d’auteur. Marine de Sury, directrice de mission au Cigref et coordinatrice du hub France Gaia-X, membre du GT, a également présenté en session la note d’information et d’actualité du Cigref « L’IA en entreprise : retours d’expérience et bonnes pratiques ». La première version des hypothèses prospectives proposées ici a été élaborée par les participants à la dernière séance du GT. Le présent document a été soumis à la relecture de plusieurs de ses membres.
