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Une analyse des coûts de l’adaptation au réchauffement climatique en France

Si la littérature sur le coût de la lutte contre le changement climatique s’est particulièrement développée depuis que le sujet figure en bonne place dans les agendas politiques, celle relative à l’adaptation est encore émergente. Un récent rapport de l’I4CE se penche sur le sujet et propose de premiers éléments d’analyse solides sur les coûts de l’adaptation de la France à un réchauffement climatique de 4 °C (comparé à la période préindustrielle), à l’horizon 2100.

Il se résume en cinq grandes conclusions, ainsi qu’un tableau synthétique sur les ordres de grandeur des coûts associés aux leviers d’anticipation envisageables dans trois grands secteurs — bâtiments, transports et agriculture. Les cinq conclusions sont les suivantes :

  1. Des éléments de chiffrage dans les trois secteurs étudiés, mais pas de coût unique de l’adaptation en France. Il est en effet difficile d’estimer un coût unique car il dépend à la fois du niveau de réchauffement sur lequel on se base (qui joue sur l’ampleur des vulnérabilités, dont les mesures sont encore balbutiantes) et de la manière dont on choisit collectivement de s’y préparer (la ou les visions stratégiques, qui restent à définir).
  2. Sans politique d’adaptation plus ambitieuse, les réactions spontanées qui sont observées se révèlent souvent les plus coûteuses pour les finances publiques et représentent déjà plusieurs milliards d’euros par an (prise en charge des dommages climatiques, gestion de crise, conséquences sanitaires, sur l’emploi…).
  3. Des options d’anticipation sont bien identifiées et pourraient être mieux déployées (par exemple dans le bâtiment, la construction, les pratiques culturales…).
  4. Parmi les options d’anticipation, certaines produisent suffisamment de cobénéfices économiques pour être intrinsèquement rentables, mais ce n’est pas le cas de toutes — d’où l’importance d’internaliser ce type de coûts dans les modèles économiques et d’un accompagnement proactif des pouvoirs publics.
  5. Dans tous les cas, pour s’assurer de la meilleure efficacité et répartition possible des dépenses, l’adaptation doit être intégrée aux démarches existantes de planification. Le défi est de prendre en compte le bon niveau de réchauffement au bon moment dans les dans les cycles de décision et d’investissement.

Premiers ordres de grandeur des coûts associés à des leviers d’anticipation qui pourraient être actionnés de façon plus ou moins ambitieuse

Les auteurs appuient leur analyse des coûts de l’adaptation sur deux déterminants clefs (première partie) : 1) la manière dont on choisit de se préparer ; 2) le niveau même de réchauffement considéré. Ils soulignent aussi (deuxième partie) l’importance de poser la question dès aujourd’hui car mieux anticiper permet de mieux répartir les coûts. Enfin (dernière partie), ils proposent une analyse sectorielle poussée dans les trois pans d’activités retenus : bâtiments, infrastructures de transport terrestre et productions agricoles végétales.

Référence : Dépoues Vivian, Dolques Guillaume et Nicol Morgane, Anticiper les effets d’un réchauffement de +4°C : quels coûts de l’adaptation ?, I4CE (Institut de l’économie pour le climat), avril 2024, 40 p.