Revue

Revue

La promotion du salaire décent

en
L’exigence d’un salaire décent ne relève pas uniquement de controverses de philosophie politique et de revendications syndicales. Elle s’incarne aussi à travers l’annonce, au printemps 2024, par Michelin, de la garantie d’un salaire décent, pour tous les employés du groupe dans le monde.

En plein débat français sur la « smicardisation » des salariés, sur le pouvoir d’achat et sur les travailleurs pauvres, la multinationale, créée en 1889, innove. Elle inscrit sa proposition dans une double lignée. D’abord celle, historique, d’une entreprise engagée dans la protection sociale, sur le registre du paternalisme. Sous ce nom désuet et connoté aujourd’hui négativement, se trouve un ensemble de réalisations sociales que le géant du pneu a d’abord déployées dans sa région de Clermont-Ferrand, avec des crèches, des cliniques, des aides au logement et autres avantages pour les familles. Ensuite, Michelin confirme, avec ses annonces, son engagement dans un mouvement bien plus récent, celui des entreprises qui, à l’échelle mondiale, s’engagent dans la mise en place de socles de protection sociale.

L’idée du salaire décent est de verser une rémunération suffisante pour autoriser non pas un minimum vital mais une vie décente. Son montant se calcule : la rémunération est évaluée à un niveau qui doit permettre à une famille composée de deux adultes et deux enfants de pouvoir se nourrir, se loger, mais aussi se constituer une épargne de précaution et ainsi pouvoir se projeter. Ce barème, établi pour cette configuration familiale, se décline pour les autres types de foyer. Il se décline aussi en fonction de la localisation (pays mais aussi régions au sein des pays) afin de prendre en compte les différentiels de pouvoir d’achat. Et il faut ajouter à ce salaire décent, tout ce que Michelin, donc comme d’autres entreprises françaises, réalise en termes de prévention et de prévoyance, avec un socle minimum de services et de garanties valables partout dans le monde [1].

Ce socle minimum international vient compléter, lorsqu’elles sont insuffisantes (sous le niveau socle), les prestations sociales nationales. Il vient suppléer leur absence quand elles sont inexistantes. Sous le nom de « Michelin One Care », Michelin garantit ainsi à tous ses salariés, à travers la planète, des prestations autour de trois priorités : du temps pour accueillir un enfant (14 semaines minimum de congé maternité / adoption rémunéré et quatre semaines minimum de congé paternité / adoption, rémunéré à 100 % du salaire) ; protection de la famille en cas de décès (versement d’un capital décès d’au moins un an de salaire et d’...