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Le Moyen-Orient en 2050 : un essai de prospective

Analyse de rapport

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En 1902, l’amiral américain Alfred Mahan formalisait le concept du Moyen-Orient — un ensemble tricontinental, au « milieu » de l’Europe, de l’Asie et de l’Afrique — et déduisait de sa position centrale que « celui qui le contrôlerait, contrôlerait le monde ». De fait, si cette formulation exprime une vision du monde désuète, elle a le mérite de rappeler combien la géopolitique mondiale est modelée par les événements moyen-orientaux d’une part, l’importance des enjeux d’une stratégie d’influence dans la région d’autre part. Pour qui en douterait, l’actualité récente est là pour le rappeler.

Filiu Jean-Pierre, Le Moyen-Orient en 2050 : un essai de prospective, Paris : Institut Diderot, janvier 2024, 59 p.

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Voilà sans doute la raison pour laquelle, en janvier 2024, l’Institut Diderot, qui se présente comme un laboratoire d’idées dont la vocation est de « comprendre et prévoir les résultats des grands bouleversements », a sollicité Jean-Pierre Filiu, spécialiste renommé du Moyen-Orient, pour envisager, le temps d’une conférence, les futurs possibles de cette région à l’horizon 2050. L’exercice est risqué, comme il le reconnaît lui-même, du fait de la très grande instabilité qui caractérise cette partie du monde, mais aussi parce que le temps imparti est bien court au regard de la complexité de la tâche.

De quelle zone géographique s’agit-il exactement ? D’un triangle fondateur constitué de l’Irak, l’Égypte, Israël, les Territoires palestiniens, la Jordanie, la Syrie, le Liban, dans lequel s’encastrent l’Anatolie de la Turquie actuelle, la Perse de la république islamique d’Iran et la péninsule Arabique.

L’exposé de Jean-Pierre Filiu, repris dans cette publication, fait ressortir trois idées-forces. La première est que, dans le système Moyen-Orient, le moindre événement au sein d’un sous-système a des répercussions, à plus ou moins grande échelle, sur le reste de la zone ; la deuxième est que l’Union européenne pourrait y jouer un rôle déterminant ; la troisième, qu’un scénario optimiste existe.

Quel sera le « décor géographique » du Moyen-Orient en 2050 ? Au plan démographique tout d’abord, le poids de la population moyen-or...