Revue

Revue

Obligations catastrophes : solution miracle ou solution de riches ?

Les obligations catastrophes ou cat bonds sont des obligations délivrées la plupart du temps par une compagnie d’assurance (ou de réassurance) afin de transférer auprès d’investisseurs un pourcentage des risques financiers liés à leur exposition à des événements naturels exceptionnels.

Elles s’appuient généralement sur les mêmes principes que ceux de l’assurance paramétrique [1]. Leur coût est évalué en fonction du risque d’occurrence de l’événement naturel prédéfini. Elles ont une maturité relativement courte, de deux à trois ans en moyenne, mais si le sinistre advient durant cette période, le souscripteur de l’obligation perd tout ou partie de son capital.

Les cat bonds sont présentées comme des outils éthiques, permettant une meilleure répartition des coûts d’événements de grande ampleur au sein de la société, voire à l’échelle mondiale. Ces obligations pourraient aussi être une solution à la crise d’assurabilité que connaissent certains risques ou certains territoires trop exposés. À l’échelle internationale, la Banque mondiale a d’ailleurs participé à l’essor des cat bonds en passant des contrats avec des pays en voie de développement, particulièrement touchés par les dégradations environnementales, avec pour objectif, à terme, de réduire les coûts des aides humanitaires leur étant destinées.

Créées dans les années 1990 à la suite des ouragans Hugo et Andrew, et du tremblement de terre de Northridge, les cat bonds ont donc connu une croissance continue depuis, corrélée à la fréquence en hausse des catastrophes naturelles et aux besoins de couverture assurantielle associés. Le marché des cat bonds a ainsi doublé en 10 ans et dépasse aujourd’hui les 40 milliards de dollars US.

Car au-delà de leur volet éthique, ces obligations sont attractives à deux titres pour les investisseurs : elles leur permettent de diversifier leurs actifs tout en s’extrayant de la conjoncture économique. Par ailleurs, plus le risque est élevé, plus le rendement à terme est important puisque l’investisseur récupère sa mise et les intérêts si l’événement n’advient pas. Ainsi, alors que la performance des placements obligataires classiques stagnait en 2022, les investisseurs se sont tournés vers ces placements lucratifs dans un contexte, certes temporaire, de plus faible sinistralité comparé à 2022. Les cat bonds connaissaient alors un rendement supérieur à 16 % (Swiss Re Catastrophe Bond Index) et qui pourrait atteindre les 20 % sur l’ensemble de l’année 2023.