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Menaces sur le climat : des points de basculement dépassés ?

Analyse de rapport

Dans la perspective de la 28e Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP28), organisée à Dubaï du 30 novembre au 12 décembre 2023, de nombreux rapports et études ont été publiés pour faire le point sur le réchauffement du climat et les mesures prises par les États pour le limiter. C’est le cas du rapport et de l’article de Bioscience que nous présentons ici.

Interconnected Disaster Risks: Risk Tipping Points 2023, Nations unies,  2023 ; et « The 2023 State of the Climate Report: Entering Uncharted Territory », BioScience, octobre 2023 (références en fin d’article).

Les risques de catastrophes interconnectés

Le rapport de l’université de l’Organisation des Nations unies (ONU) à Bonn, qui porte sur les risques de désastres auxquels est exposée la planète, examine plus particulièrement six risques majeurs à l’échelle mondiale, qualifiés d’« interconnectés », c’est-à-dire corrélés, dont la dangerosité croît rapidement avec le temps :

  • l’accélération de l’extinction des espèces ;
  • l’épuisement des ressources en eau des aquifères terrestres ;
  • la fonte des glaciers notamment dans les zones de montagne ;
  • le nombre croissant de régions de la planète devenant inhabitables pour des raisons climatiques ;
  • la difficulté pour les populations de s’assurer contre les catastrophes ;
  • l’augmentation des « débris spatiaux ».

Cette liste a été établie en coopération avec de nombreux experts et les auteurs du rapport ont caractérisé chacun des risques, d’une part par des phénomènes en général quantifiables — la vitesse de fonte des glaciers par exemple —, et d’autre part par un « point de basculement » (tipping point) au-delà duquel leur progression devient irréversible — la moitié des glaciers de la planète pourraient avoir disparu à la fin du siècle.

Ils estiment ainsi que 21 des 37 plus grandes nappes phréatiques mondiales sont menacées de disparition et qu’un tiers des habitants de la planète se trouvent aujourd’hui dans des régions où le réchauffement climatique met en péril leurs conditions de vie et, enfin, qu’un million d’espèces animales et végétales sont menacées de disparition dans les prochaines décennies.

L’accumulation de débris spatiaux qui figure sur cette liste n’est évidemment pas d’origine climatique, mais les 8 300 satellites en orbite dans l’espace et les 34 000 objets spatiaux repérés qui y circulent avec des petits débris menacent de perturber sérieusement les télécommunications, nos systèmes de surveillance de l’environnement et notre vision de l’espace sidéral — celle des astronomes notamment.

Quant aux dégâts provoqués par les catastrophes météorologiques et les incendies de forêts, ils risquent de rendre très difficile la couverture par les assurances de leur coût financier croissant — multiplié par sept depuis les années 1970. La plupart de ces risques sont corrélés — la fonte des glaciers a une incidence sur le débit des grands fleuves —, mais ils ont aussi une incidence sur les conditions de vie dans de nombreuses régions et sur l’environnement.

Les recommandations du rapport pour éviter de dépasser les points de basculement, et do...