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Risques systémiques

L’ADEME (Agence de la transition écologique) et le CSTB (Centre scientifique et technique du bâtiment) ont conduit en 2020 une démarche de prospective intitulée « Imaginons ensemble les bâtiments de demain ». Cette réflexion a abouti à un ensemble de matériaux accessible sur le site dédié, dont quatre scénarios à l’horizon 2050 et 22 fiches variables. Ces dernières sont réactualisées et publiées, chaque mois, sous forme de Repères sur le site de Futuribles.

Pourquoi est-ce important pour le bâtiment et l’immobilier ?

Les risques systémiques peuvent, par définition, avoir des impacts sur tous les secteurs, y compris donc le bâtiment et l’immobilier. Ces impacts peuvent être très diversifiés et porter notamment sur la disponibilité des matières premières, les conditions de travail dans la construction et la rénovation, les dommages subis par les bâtiments et leurs occupants, leur valeur financière…

Le bâtiment constituant souvent un investissement de long terme, la prise en compte des impacts des risques systémiques constitue une nécessité, déjà bien intégrée par certains acteurs mais qui devra devenir systématique à l’avenir.

Synthèse

  • Depuis trois ans, la planète assiste à une accélération, une accentuation et une diversification des risques systémiques.
  • Ces risques concernent désormais tous les secteurs d’activité et leurs impacts peuvent être inédits en termes d’ampleur, et dans certains cas, entraîner des dommages irréversibles. Des travaux s’intéressent désormais aux risques systémiques les plus extrêmes et irréversibles, susceptibles de compromettre l’habitabilité de la planète, voire la survie d’une partie de l’humanité.
  • La prise en compte de ces risques donne lieu à des stratégies très différenciées en termes de prévention et d’adaptation. Ainsi, dans le secteur du bâtiment, de multiples difficultés peuvent survenir : en termes d’accessibilité des matières premières, de dégradation des conditions de travail sur les chantiers, de vulnérabilité des occupants et des bâtiments aux conditions climatiques extrêmes.
  • Le secteur de l’assurance doit, de son côté, faire face à une remise en cause de la rentabilité même de son modèle économique. Mais il peut avoir un rôle à jouer, voire une responsabilité dans la lutte contre un possible effondrement global des sociétés.
  • Le secteur de l’humanitaire est quant à lui très proactif pour anticiper la nature et l’ampleur des risques futurs, et ainsi se préparer au mieux à y faire face.

En 2020…

En 2020, l’analyse rétrospective que nous faisions des risques systémiques, dans le cadre de l’étude prospective Imaginons ensemble les bâtiments de demain, faisait apparaître les points suivants :

  • Le Forum économique mondial cite les conflits entre États ainsi que le recours aux armes de destruction massive parmi les risques susceptibles d’avoir les plus lourdes conséquences, dans son Global Risks Report 2020 [1].
  • La dernière crise économique mondiale remonte à 2008, elle a eu un impact fort sur l’activité du bâtiment. D’autres (Covid, cycles économiques…) pourraient suivre.
  • En termes de risques sanitaires, on assiste à la généralisation de maladies non transmissibles (diabète…) et, plus récemment, avec la crise de la Covid, au retour de pandémies.
  • Au-delà des risques industriels, les risques technologiques nouveaux sont apparus, liés au numérique (cyberattaques sur les entreprises, les infrastructures…).
  • Des risques environnementaux de grande ampleur (changement climatique, érosion de la biodiversité…) viennent s’ajouter aux risques naturels, et leurs impacts commencent à se matérialiser (occurrence accrue d’événements extrêmes, canicules, sècheresses, etc.).
  • L’activité de gestion des risques (atténuation, anticipation, bonne gestion lors de la survenue d’une crise) est ancienne. Elle est cependant interpellée par l’ampleur des risques futurs potentiels.

Mise à jour 2023

Une définition qui peut être complétée

Depuis trois ans, les risques systémiques suscitent une attention croissante et donnent lieu à différents travaux. De fait, la définition proposée en 2020 peut être complétée par quelques concepts nouveaux et / ou visant à mieux décrire la diversité des risques systémiques :

  • La notion de ripple effect ou effet d’entraînement désigne les impacts qu’un risque peut avoir sur d’autres risques, pouvant ainsi engendrer l’émergence d’un risque systémique.
  • Le terme de « polycrise » est maintenant utilisé par certaines organisations, y compris l’Organisations des Nations unies, et était au cœur du forum de Davos de janvier 2023 [2]. La polycrise désigne la coexistence ou la succession très rapprochée de crises de nature très diverse, qui vont interagir voire se renforcer entre elles. Le terme de « permacrise » émerge également pour désigner l’entrée dans une ère de crises quasi permanentes [3]. En l’occurrence, ces deux termes ont émergé pour désigner la succession de crises observée depuis 2020 : Covid-19, guerre en Ukraine, accélération du changement climatique et de ses impacts, conflit Israël-Palestine…
  • Le concept de risque existentiel émerge également, correspondant à un risque dont la survenue pourrait remettre en cause la survie même de l’humanité. Parmi les risques existentiels figurent notamment ceux liés aux dégradations irréversibles des écosystèmes et du climat, mais aussi certaines pandémies ou encore une guerre nucléaire. Ces risques peuvent être brutaux ou progressifs. Le concept d’effondrement est également de nouveau utilisé pour décrire la disparition d’une grande partie des sociétés actuelles [4].
  • De fait, la succession de crises observée à l’échelle mondiale depuis trois ans conduit certains analystes à repenser le concept même de risque : un certain nombre de risques devenant de plus en plus certains (pandémies, dégradations climatiques et environnementales…), ils pourraient devenir en quelque sorte la nouvelle normalité.
  • Par ailleurs, la diversité des risques systémiques accroît les besoins d’analyse et de hiérarchisation dans ce domaine. En particulier, une typologie de risques systémiques peut être proposée, qui distinguerait trois types de risques :
  1. Ceux liés à la conjonction de différentes évolutions simultanées.
  2. Ceux liés au franchissement d’un effet de seuil / point de non-retour sur une dimension physique structurante d’un système (par exemple, l’inversion du Gulf Stream, le franchissement de seuils de température vivable), entraînant en retour des impacts en cascade.
  3. Des défaillances de systèmes humains vitaux (systèmes technologiques, financiers, infrastructures électriques…), qu’il s’agisse de pannes, de destructions volontaires ou causées par des phénomènes naturels…

Des facteurs de risques systémiques qui s’accélèrent et qui s’aggravent

Ces trois dernières années ont été marquées par une accélération des risques systémiques, en lien avec une diversification et une aggravation des facteurs à l’origine de ces crises. En particulier :

  • le changement climatique et les dégradations des écosystèmes,
  • les pandémies,
  • les tensions géopolitiques,
  • les interdépendances entre les systèmes, les sociétés et les acteurs.

Accélération du changement climatique et de ses impacts

Entre 2021 et 2022, le GIEC a publié trois nouveaux rapports portant sur les perspectives du changement climatique, ses impacts et les stratégies d’atténuation [5]. Ces rapports, en particulier le deuxième, insistent tous sur l’accélération du phénomène, mais aussi sur les interdépendances entre le climat, les écosystèmes et les sociétés humaines. Ainsi, un réchauffement global de plus de 1,5 °C au cours des deux prochaines décennies se traduirait par une augmentation des risques pour les écosystèmes et les humains. Par exemple, l’extinction d’espèces dans les écosystèmes terrestres passerait à un maximum de 14 % en cas de réchauffement de 1,5 °C, mais à 48 % dans un monde à + 5 °C. Dans les points sensibles de biodiversité, le risque d’extinction d’espèces endémiques doublerait en cas de réchauffement compris entre 1,5 °C et 2 °C.

Par ailleurs, si le réchauffement global dépasse 1,5 °C dans les prochaines décennies, certains impacts peuvent engendrer des émissions de gaz à effet de serre supplémentaires (via des incendies, la mortalité accrue d’arbres, l’assèchement de tourbières, la fonte du pergélisol…) et causer des dégâts irréversibles, particulièrement en montagne ou dans les milieux côtiers et polaires.

La sixième limite planétaire serait dépassée

Des chercheurs du Potsdam Institute et du Stockholm Resilience Centre alertent désormais sur les « limites planétaires [6] ». Actuellement, sur les neuf limites planétaires identifiées, six sont considérées comme dépassées, ce qui signifie que la planète n’est plus capable d’absorber et de compenser les impacts des activités humaines, donc que des dégradations globales des caractéristiques environnementales et géophysiques de la Terre s’observent. Or, le cumul de ces dégradations risque de conduire à des situations totalement inédites pour le vivant, et in fine pour les sociétés humaines [7].

La sixième limite planétaire a été dépassée : il s’agit de celle concernant l’eau douce (eau verte). Elle rejoint les cinq autres limites déjà dépassées, dont la dernière avait été officiellement dépassée en janvier 2022 (voir graphique ci-dessous).

Dépassement d’une sixième limite planétaire

Source : graphique paru en français in « La 6e limite planétaire est franchie : le cycle de l’eau douce », BonPote, 28 avril 2022. URL : https://bonpote.com/la-6e-limite-planetaire-est-franchie-le-cycle-de-leau-douce /. Consulté le 25 janvier 2023 ; réalisé à partir de Wang-Erlandsson Lan et alii, « A Planetary Boundary for Green Water », Nature Reviews Earth & Environment, vol. 3, 2022, p. 380-392.

Vers des points de non-retour dans les dégradations des écosystèmes ?

En lien avec l’émergence des concepts de polycrise et de risque existentiel, des travaux récents alertent sur la possibilité que des points de non-retour soient bientôt atteints dans les dégradations des écosystèmes. Ainsi, des chercheurs de l’université de Cambridge ont travaillé sur différents scénarios extrêmes dans le cadre de leur programme de recherche Climate Endgame [8]. L’un de leurs scénarios envisage que les impacts du changement climatique se combinent entre eux et avec ceux d’autres facteurs de rupture, tels qu’une nouvelle pandémie, et puissent ainsi entraîner des catastrophes majeures susceptibles de menacer une partie importante de la population humaine. Compte tenu de l’accélération du réchauffement climatique, ils estiment que des points de bascule pourraient être atteints à l’horizon 2100, dont les conséquences sur l’habitabilité de la planète sont encore méconnues. Ils envisagent notamment le dégel du pergélisol arctique, le déstockage de carbone dû aux sécheresses et aux incendies en Amazonie, ou la diminution de la capacité d’absorption des puits de carbone naturels.

En réponse, ces chercheurs proposent une nouvelle typologie de risques permettant de classer les menaces auxquelles l’humanité pourrait être exposée en cas de scénario climatique extrême. Cette typologie insiste sur l’interdépendance des causes de préoccupation catastrophique — climatiques, politiques, humaines, sociales, écologiques — et envisage ainsi les impacts de scénarios extrêmes dans une perspective systémique. Par exemple, les chercheurs ont croisé un scénario d’augmentation des températures comprise entre 2,8 °C et 3,2 °C à l’horizon 2070 avec les trajectoires de croissance démographique mondiale et l’indice des États fragiles, en vue d’identifier les régions les plus vulnérables.

Changement climatique : la typologie du pire

Source : Magnes Arthur, op. cit.

Importance croissante des enjeux de gouvernance et des réponses apportées à ces risques systémiques

Les trois dernières années ont été marquées par une prise de conscience croissante de l’ampleur des risques systémiques partout sur la planète. Or, selon les auteurs de l’ouvrage Permacrisis: A plan to Fix a Fractured World [9], la période actuelle d’instabilité ne peut pas être considérée comme anormale : au contraire, ce sont les trois dernières décennies qui étaient anormales sur le plan international, car marquées par une relative stabilité, notamment économique et géopolitique.

L’enjeu pour les sociétés humaines est donc désormais d’une part de mieux comprendre et anticiper les risques systémiques, d’autre part de mieux s’y préparer. Or, ce processus est compliqué par plusieurs phénomènes :

  • L’interconnexion croissante des activités humaines entre elles, qui se traduit par une réduction des marges de manœuvre spécifiques des acteurs, quels qu’ils soient, car ils peuvent être pénalisés par des risques a priori éloignés d’eux (comme l’a montré la guerre en Ukraine). Néanmoins, cette interdépendance peut aussi être une source de résilience, car elle peut se traduire par une diversification des réponses possibles à une situation de crise. Ainsi, la crise énergétique provoquée par la guerre en Ukraine a aussi démontré le rôle des alternatives au gaz russe (livraisons venues d’autres pays, autres sources d’énergie, accélération des investissements liés à la transition énergétique…). Ceci suppose néanmoins que des réponses adaptées soient mises en œuvre, à la bonne échelle et avec les bons acteurs.
  • La capacité d’anticipation dépend aussi de la nature du risque ; certains étant plus imprévisibles que d’autres (par exemple la survenue d’un événement climatique extrême ou certaines crises géopolitiques versus la montée du niveau de la mer). Pour certains risques très probables, l’incertitude porte moins sur la survenue elle-même que sur son calendrier et son ampleur exacte (par exemple concernant le risque d’une nouvelle pandémie). Le degré de tolérance peut aussi varier selon les risques, selon les acteurs et les sociétés considérés, et donc donner lieu à des stratégies très hétérogènes.
  • Se pose aussi la question de la capacité des acteurs à accepter les risques et à les intégrer dans leur stratégie. Cette appropriation peut être réduite à cause de facteurs culturels, mais aussi à cause du sentiment croissant que les risques sont multiples, diffus, et donc d’autant plus difficiles à anticiper précisément.

L’exemple du secteur du bâtiment

Le secteur du bâtiment est directement concerné par les risques systémiques, dont les impacts peuvent, par nature, être multiples :

  • remise en cause de l’accessibilité des matières premières nécessaires à la construction et à la rénovation,
  • dégradation des conditions de travail sur les chantiers [10],
  • vulnérabilité des occupants aux conditions climatiques extrêmes,
  • vulnérabilité des bâtiments aux conditions climatiques extrêmes.

En particulier, le retrait-gonflement des argiles (RGA) apparaît comme un risque croissant pour les bâtiments en France. Il se caractérise [11] par une succession d’épisodes de sécheresse et de réhumidification des sols argileux, qui présentent des structures différentes selon leur teneur en eau. Un sol argileux est dur et cassant lorsqu’il est asséché (retrait), et malléable lorsqu’il est humide (gonflement). L’allongement des épisodes de sécheresse et la raréfaction des épisodes de pluie, liés au changement climatique, déséquilibrent ce cycle et risquent de générer, dans les années à venir, de plus en plus de mouvements de terrain préjudiciables pour le bâti et les routes. Actuellement, il est estimé que la moitié du territoire français est en zone d’exposition forte ou moyenne au RGA [12], et environ 10,4 millions de maisons individuelles sont potentiellement très exposées au RGA selon le ministère de l’Écologie [13].

La Caisse centrale de réassurance (CCR) estime, dans une étude de 2018, qu’avec le changement climatique, les dommages consécutifs à ce qu’elle nomme la « sécheresse géotechnique », pour évoquer le RGA, augmenteraient sur tout le territoire d’ici 2050, notamment dans une large moitié sud et sur tout le littoral atlantique (carte ci-dessous), avec une progression de 20 % à 200 % d’ici 2030, et de 50 % à 300 % d’ici 2050 [14].

L’accélération du risque RGA pose un enjeu majeur dans différents secteurs : routes, logements, bâtiments tertiaires, bâtiments publics…

Évolution des dommages annuels moyens dus à la sécheresse géotechnique à l’horizon 2050

Source : Conséquences du changement climatique sur le coût des catastrophes naturelles en France à horizon 2050, op cit.

L’exemple du secteur de l’assurance [15]

Autre exemple de secteur directement touché par les impacts des risques systémiques : l’assurance. Selon un rapport publié en 2023 par le groupement Sinonvirgule, le secteur de l’assurance est menacé dans son fonctionnement actuel par trois types d’effondrements complémentaires :

  • Un effondrement cognitif dû à des risques environnementaux devenus incalculables.
  • Un effondrement financier lié aux charges des sinistres qui pourraient devenir trop élevées, remettant ainsi en cause la capacité des assureurs à dédommager leurs clients (le nombre de catastrophes naturelles a quadruplé en 40 ans, et le coût moyen de prise en charge des crises a été multiplié par 2,2).
  • Un effondrement des pratiques, causé à la fois par des crises hors cadre si violentes qu’elles dépassent les scénarios envisagés par les assureurs et empêchent ainsi un rétablissement rapide de l’état d’origine — par exemple l’ouragan Katrina —, et par une remise en cause de ce qu’est un sinistre — par exemple, l’érosion des côtes, pourtant largement accentuée par les changements climatiques, n’est aujourd’hui pas considérée comme un sinistre par la plupart des assurances, car elle est progressive et prévisible

Mais, en réponse, le secteur de l’assurance peut avoir un rôle à jouer, voire une responsabilité dans la lutte contre un possible effondrement global des sociétés. En effet, ce secteur peut :

  • contribuer au développement et à la résilience des sociétés, en investissant dans des secteurs favorisant la transition ;
  • à l’inverse, ne plus soutenir des secteurs et des projets susceptibles d’aggraver des risques systémiques.

Depuis trois ans, l’accélération et l’aggravation de certains risques ont conduit certains assureurs à augmenter les prix de leurs contrats, voire à refuser de couvrir certains risques et / ou certains clients (notamment des collectivités, des États américains…) [16]. Ces situations pourraient se multiplier à l’avenir, et poser la question à la fois du modèle économique des assureurs et de l’accessibilité des assurances pour les acteurs les plus exposés aux risques considérés comme inassurables.

L’exemple du secteur de l’humanitaire

Le secteur de l’humanitaire est également en première ligne face à la multiplication des risques systémiques. En réponse, différentes initiatives voient le jour, notamment en France et en Europe. Ainsi, la Croix-Rouge allemande a lancé la plate-forme Anticipation Hub, afin de favoriser les échanges entre les acteurs concernés par les catastrophes humanitaires, mais aussi pour mieux les anticiper [17].

Plusieurs acteurs du secteur humanitaire ont par ailleurs participé à la démarche de prospective Future of Aid 2030, qui a abouti à la construction de scénarios mondiaux et d’une typologie des futures crises humanitaires [18]. Ainsi, neuf types de crises ont été identifiés, regroupés en trois familles : crises prolongées, crises récurrentes et crises naissantes.

Quelles hypothèses à l’horizon 2050 ?

Dans l’analyse de 2020, deux incertitudes majeures avaient été identifiées :

  • Comment les risques systémiques seront-ils anticipés ? Les sociétés et les différents acteurs seront-ils en capacité de réagir aux crises de façon à en limiter les impacts ?
  • Sortirons-nous des crises systémiques collectivement plus fragiles, par exemple avec une économie durablement affectée, une perte de légitimité des dirigeants, etc. ? Ou au contraire réussirons-nous à tirer les leçons des crises traversées pour renforcer nos politiques de prévention dans le domaine concerné mais aussi sur les autres risques ?
Voir aussi

Autrement dit, le « retour à la normale » après la crise sera-t-il un simple retour au monde d’avant, ou bien occasionnera-t-il une prise de conscience nous permettant collectivement de devenir plus résilients face aux risques systémiques ?

Les évolutions observées depuis trois ans confirment l’importance de ces deux incertitudes majeures.

À partir de ces deux incertitudes clefs, trois hypothèses prospectives avaient été élaborées (premier schéma). En 2020, l’hypothèse 2 était considérée comme l’hypothèse tendancielle. Compte tenu de l’accélération des phénomènes à l’œuvre depuis trois ans, l’hypothèse 3 pourrait désormais être considérée comme tendancielle, a minima pour certains types de risques, notamment ceux liés à l’écologie.

Schéma synthétique

*Hypothèse tendancielle.

  1. Global Risks Report 2020, Forum économique mondial, 2020. URL : https://www.weforum.org/publications/the-global-risks-report-2020/. Consulté le 20 novembre 2023.

  2. Raymond Isabelle, « Polycrise : le mot de Davos cette année », FranceInfo, 21 janvier 2023. URL : https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-mot-de-l-eco/polycrise-le-mot-de-davos-cette-annee_5585967.html. Consulté le 10 novembre 2023.

  3. Voir par exemple : Lambrechts Marc, « Après la polycrise, faut-il redouter une permacrise ? », L’Écho, 14 octobre 2023. URL : https://www.lecho.be/dossiers/chroniques-financieres/apres-la-polycrise-faut-il-redouter-une-permacrise/10499285.html. Consulté le 10 novembre 2023.

  4. Sinonvirgule, Peut-on assurer un monde qui s’effondre ? Proposition de réflexion sur les collisions entre le secteur de l’assurance et l’Anthropocène, Paris : Sinonvirgule, février 2023. URL : https://www.caissedesdepots.fr/sites/default/files/2023-03/Livre blanc _ Peut-on assurer un monde qui s%27effondre _réduit.pdf (analysé sur le site de Futuribles). Consulté le 10 novembre 2023.

  5. Climate Change 2022: Impacts, Adaptation and Vulnerability, GIEC, Working Group II contribution to the IPCC Sixth Assessment Report, GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), 2022, 3676 p. URL : https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg2/downloads/report/IPCC_AR6_WGII_FinalDraft_FullReport.pdf. Consulté le 10 novembre 2023.

  6. « Planetary boundaries Update: Freshwater Boundary Exceeds Safe Limits », Potsdam Institute et Stockholm Resilience Centre, 26 avril 2022. URL : https://www.pik-potsdam.de/en/news/latest-news/planetary-boundaries-update-freshwater-boundary-exceeds-safe-limits. Consulté le 10 novembre 2023.16

  7. Voir par exemple : Magnes Arthur, « Scénarios climatiques extrêmes : pour quoi faire ? », Note de veille, 3 janvier 2023, Futuribles International. URL : https://www.futuribles.com/scenarios-climatiques-extremes-pour-quoi-faire/. Consulté le 10 novembre 2023.

  8. Ibidem.

  9. Brown Gordon et alii, Permacrisis: A Plan to Fix a Fractured World, Londres : Waverstones, 2023.

  10. « Le BTP face à de nouveaux risques systémiques », Leonard, 2 février 2021. URL : https://leonard.vinci.com/le-btp-face-a-de-nouveaux-risques-systemiques/. Consulté le 10 novembre 2023.

  11. Pham Micheline, « Le retrait-gonflement des argiles : le sinistre invisible du réchauffement climatique », Note de veille, 16 mars 2023, Futuribles International. URL : https://www.futuribles.com/le-retrait-gonflement-des-argiles-le-sinistre-invisible-du-rechauffement-climatique/. Consulté le 10 novembre 2023.

  12. Sécheresse géotechnique. De la connaissance de l’aléa à l’analyse de l’endommagement du bâti, Paris : Mission risques naturels, décembre 2018. URL : http://www.mrn.asso.fr/wp-content/uploads/2019/01/21-01-2018_rapport-mrn_secheresse-2018.pdf. Consulté le 10 novembre 2023.

  13. « Nouveau zonage d’exposition au retrait-gonflement des argiles : plus de 10,4 millions de maisons individuelles potentiellement très exposées », Données et études statistiques du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, 23 juin 2021. URL : https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/nouveau-zonage-dexposition-au-retrait-gonflement-des-argiles-plus-de-104-millions-de-maisons. Consulté le 10 novembre 2023.

  14. Conséquences du changement climatique sur le coût des catastrophes naturelles en France à horizon 2050, CCR et Météo France, septembre 2018. URL : https://www.ccr.fr/documents/35794/35836/Etude+Climatique+2018+version+complete.pdf/6a7b6120-7050-ff2e-4aa9-89e80c1e30f2?t=1536662736000. Consulté le 10 novembre 2023.

  15. Source : Sinonvirgule, op. cit.

  16. Ségur Marie, « Catastrophes climatiques : quelles limites au modèle assurantiel ? », Note de veille, 7 décembre 2021, Futuribles International. URL : https://www.futuribles.com/catastrophes-climatiques-quelles-limites-au-modele/ ; Boana Sarah et Guigné Marine, « “On est passé de 6 000 à 100 000 €” : les collectivités face à des contrats d’assurance qui explosent », France3 Nouvelle-Aquitaine, 26 septembre 2023. URL : https://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/haute-vienne/limoges/on-est-passe-de-6-000-a-100-000-les-collectivites-face-a-des-contrats-d-assurance-qui-explosent-2846045.html ; Laurin Amélie, « Le gouvernement se saisit des problèmes d’assurance des collectivités locales », Les Échos, 29 septembre 2023 https://www.lesechos.fr/finance-marches/banque-assurances/le-gouvernement-se-saisit-des-problemes-dassurance-des-collectivites-locales-1983176. Consultés le 10 novembre 2023.

  17. Site Internet : https://www.anticipation-hub.org/ ; voir aussi La Croix-Rouge, « Bienvenue dans l’ère des crises systémiques », Usbek & Rica, 2 février 2023. URL : https://usbeketrica.com/fr/article/bienvenue-a-l-ere-des-crises-systemiques. Consultés le 10 novembre 2023.

  18. L’Avenir de l’aide humanitaire. Les ONGI en 2030, IARAN (Inter-Agency Research and Analysis Network), / Futuribles. URL : https://www.iaran.org/s/FINAL-FRENCH-REPORTcompressed.pdf. Consulté le 10 novembre 2023.

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