Ce livre présente dans un premier temps l’imaginaire de la robotique, avant de proposer une histoire de cette discipline, en pleine évolution ces dernières années. Une partie de l’ouvrage traite de considérations techniques, notamment relatives à la mise en mouvement des robots, qui constitue une préoccupation majeure de l’auteur. II se conclut par des réflexions prospectives sur l’évolution probable d’une industrie soumise à des controverses, notamment autour du thème des robots tueurs.
Jean-Paul Laumond est décédé avant la parution de l’ouvrage. Sa disparition est intervenue après un colloque interdisciplinaire organisé en décembre 2021, entre autres, par l’Académie des sciences morales et politiques sur le thème « Mythes et machines ». Mathématicien et roboticien, il était directeur de recherche du LAAS-CNRS (Laboratoire d’analyse et d’architecture des systèmes du Centre national de la recherche scientifique) à Toulouse, membre de l’équipe Willow du département Informatique de l’École normale supérieure. Il a occupé la chaire Innovation technologique du Collège de France en 2011-2012 et était membre de l’Académie des sciences et de l’Académie des technologies. Dans la préface de l’ouvrage, le neurophysiologiste Alain Berthoz rend hommage à sa carrière exemplaire, soulignant notamment qu’il a enseigné dans plusieurs grandes écoles en France et à l’étranger.
Une brève histoire de la robotique
Jean-Paul Laumond rappelle que de tout temps, les humains ont rêvé de machines : « Aujourd’hui, le robot en constitue l’archétype et agit comme jamais sur l’imaginaire contemporain » (p. 14). Il dresse un panorama de l’imaginaire de la robotique, qu’il fait remonter au mythe d’Héphaïstos, dieu créateur de nombreux automates. Le golem, Les Contes d’Hoffmann d’Offenbach (1881), Hadaly, la créature de Villiers de L’Isle-Adam dans L’Ève future (1886), ou encore RUR (Rossum’s Universal Robots) de Karel Čapek (1920), sont ainsi évoqués et analysés comme les racines d’une mythologie qui a par la suite orienté les réflexions scientifiques et inspiré la carrière de nombreux roboticiens.
Ce processus s’est encore accéléré avec le développement de la science-fiction, du cinéma et de la bande dessinée, qui furent des médias fantastiques pour diffuser l’image du robot. Astro Boy, les Transformers, Goldorak, Robocop, R2-D2 et C-3PO, ou encore Wall-E, sont quelques exemples de machines qui ont alimenté l’imaginaire collectif en représentations futuristes de la cybernétique et de la robotique. Jean-Paul Laumond note que les romans d’Isaac Asimov, en montrant des robots gentils, indiquaient que ces créatures pouvaient être vertueuses, ce qui a probablement suscité des vocations chez les chercheurs et ingénieurs en robo...
