L’écart d’espérance de vie entre femmes et hommes se réduit — durablement ?

En France, l’écart d’espérance de vie à la naissance selon les sexes se réduit. Depuis le milieu des années 1990, les gains d’espérance de vie à la naissance obtenus par les femmes sont inférieurs à ceux des hommes (graphique 1). De huit ans et trois mois en 1994 en faveur des femmes, cet écart est tombé à six ans depuis 2014. En 2023, les femmes peuvent compter en moyenne à la naissance sur 85 années de vie contre 79 pour les hommes, d’après l’INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques).

Les modes de vie des femmes et des hommes se rapprochent, qu’il s’agisse de durée de travail, du type d’activité professionnelle, de consommation de tabac ou d’alcool, par exemple. L’emploi peu qualifié féminin du secteur des services, dans des conditions de travail parfois très pénibles, se développe davantage que l’emploi peu qualifié de l’industrie, qui reste majoritairement masculin. L’égalisation des durées de vie selon le sexe reflète l’indifférenciation des rôles dans la société.

Graphique 1. Écart d’espérance de vie entre les femmes et les hommes, 1982-2022 (en années)

Ce processus est-il destiné à conduire à l’égalité entre les femmes et les hommes en matière d’espérance de vie ? Tout d’abord, il faut remarquer que les écarts demeurent considérables. Les femmes continuent à avoir des comportements moins dangereux, à supporter une moindre charge physique au travail et demeurent plus attentives à leur alimentation, leur corps et leur santé de manière globale. N’oublions pas qu’en 2023, l’espérance de vie des hommes équivaut à celle que les femmes avaient au milieu des années 1980. Au rythme observé au début des années 2010, il faudrait — théoriquement — environ 60 ans pour parvenir à l’égalité.