Revue

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Le boom de la méthanisation en France

La France est en retard sur les objectifs 2023 de sa Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) dans le domaine du solaire et de l’éolien ; en revanche, elle dépasse ses objectifs concernant la méthanisation. Ce processus basé sur la dégradation par des micro-organismes de la matière organique couvre la production de gaz par fermentation de la biomasse. Ce biogaz est appelé biométhane quand il est purifié pour être injecté dans un réseau de gaz naturel, et l’autre usage du biogaz est la production de chaleur et d’électricité, souvent en cogénération.

La PPE avait prévu 20,1 gigawatts (GW) de puissance solaire photovoltaïque installée en 2023 et 19 GW fin 2022, mais seuls 16,3 GW étaient installés fin 2022. En 2023, 2,4 GW produits par l’éolien en mer étaient prévus, mais à ce jour, seuls deux parcs sont opérationnels, à Saint-Nazaire et à Saint-Brieuc. La puissance installée n’était donc que de 1 GW en mars 2023. Quant à l’éolien terrestre, la puissance installée sur le territoire national en mars 2023 était de 21 GW contre 24,1 GW prévus par la PPE. Il est donc peu probable que les objectifs de la PPE soient atteints en 2023 sur ces énergies renouvelables.

Objectifs 2019-2028 de la PPE en matière d’électricité et de chaleur renouvelables

Champ : France métropolitaine continentale (champ défini par la PPE).
nd : données non disponibles.
*Step : stations de transfert d’énergie par pompage.
Source : calculs SDES (Service des données et études statistiques), ministère de la Transition écologique.

Du côté de la méthanisation, l’objectif de production de biogaz était de 14 térawattheures (TWh) en 2023 : 6 TWh de biométhane injecté dans les réseaux de gaz, et 8 TWh de biogaz utilisé en cogénération chaleur et électricité. Il a été largement dépassé en 2022, avec une production de 19 TWh de biogaz dont 7 TWh sous forme de biométhane issu de 590 sites en mars 2023. À cette date, 1 023 méthaniseurs produisaient directement de la chaleur (utilisée localement) et de l’électricité (raccordée au réseau électrique), ce qui porte le total à 1 613 unités de méthanisation. Le biogaz non purifié représente une puissance électrique installée de 578 mégawatts (MW) et une production d’électricité de 0,6 TWh au premier trimestre 2023, soit 0,4 % de la consommation électrique française. Là aussi, l’objectif 2023 de la PPE est largement dépassé puisqu’il était de 270 MW en 2023 et est fixé à environ 400 MW en 2028. Seules 14 % des installations ont une puissance supérieure à 1 MW de production électrique, et près de la moitié (46 %) de la puissance installée pour produire de l’électricité par méthanisation est issue de la méthanisation des déchets.

Le développement a été particulièrement rapide pour la production de biométhane — biogaz purifié injecté dans le réseau de gaz — puisqu’un seul site injectait du biométhane sur le réseau en 2011. Le parc de production est plutôt constitué de petites installations d’une puissance inférieure à 15 GWh par an. Certes, le biométhane, comme les autres énergies renouvelables (électricité solaire et énergie éolienne raccordée au réseau), bénéficie d’un tarif d’achat par les fournisseurs d’énergie, réglementé par l’État. Ces tarifs avaient été revus à la baisse en 2020. Depuis, la guerre en Ukraine et la fin des approvisionnements en gaz russe ont redonné une importance stratégique au biométhane. En conséquence, les aides tarifaires ont été renforcées pour lancer des projets.