Revue

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Une Histoire naturelle du futur

Ce que les lois de la biologie nous disent de l’avenir de l’espèce humaine

Analyse de livre

Le réchauffement climatique, dont les épisodes de canicule du récent été furent une manifestation, conduit à s’interroger sur l’avenir des espèces vivantes, en particulier la nôtre. Quels enseignements pouvons-nous tirer des lois de la biologie et de constats que font les biologistes sur la résistance aux conditions de vie extrêmes ? C’est à cette question que répond, dans ce livre, Rob Dunn, professeur d’écologie aux universités de Caroline du Nord et de Copenhague.

Dunn Rob, Une Histoire naturelle du futur. Ce que les lois de la biologie nous disent de l’avenir de l’espèce humaine, Paris : La Découverte (Cahiers Libres), octobre 2022, 352 p. (traduction de A Natural History of the Future: What the Laws of Biology Tell Us about the Destiny of the Human Species, New York : Basic Books, 2021)

 

Après avoir dessiné à grands traits, dans son premier chapitre, l’évolution de l’espèce humaine depuis l’apparition sur Terre de Homo habilis, il y a 2,3 millions d’années, l’auteur rappelle que les biologistes se posent encore la question du nombre d’espèces vivantes existant sur Terre. Le biologiste Terry Erwin a suggéré, dans les années 1970, qu’il était très sous-estimé (10 000 milliards de bactéries ?) et que leur rôle est souvent méconnu : nous avons ainsi mis longtemps à comprendre celui des bactéries dans les levains des boulangers ; nous avons été « aveuglés par la vie ».

Rob Dunn rappelle aussi que l’entomologiste américain Edward O. Wilson, le père de la sociobiologie, a énoncé une théorie expliquant à quelle vitesse une espèce évoluera ou disparaîtra. Après avoir étudié la vie des fourmis dans des îles du Pacifique (Vanuatu, Nouvelle-Calédonie, Fidji, etc.) puis, comme Charles Darwin, celle des oiseaux, il a énoncé deux principes clefs :
— le taux d’extinction des espèces vivant dans une île dépend de sa taille (il est plus élevé dans les petites îles car elles y trouvent moins de ressources) ;
— la probabilité qu’une espèce colonise une île est d’autant plus grande que ses dimensions sont importantes.

Ces principes de bons sens, vérifiés dans beaucoup d’habitats, forêts, terres cultivées, ont été appliqués aux îlots urbains, baptisés « Galapagos urbains », et des recherches ont ainsi été menées sur la survie des fourmis dans les parcs de Manhattan… Elles permettent de comprendre comment des espèces peuvent évoluer, en transportant leur habitat, en modifiant leur nourriture et en se reproduisant avec d’autres espèces (le doryphore a ainsi colonisé la pomme de terre dans les années 1880, provoquant des famines en Irlande). Les fourmis, les souris et les escargots s’adaptent aux changements de leur environnement — ces derniers ont besoin d’une « surface critique » d’un kilomètre carré pour s’adapter…

L’avenir de la planète va être marqué par le changement climatique et toutes les espèces (des bactéries aux humains) devront s’adapter en trouvant une « niche climatique », en empruntant des « corridors » protecteurs ...