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L’insécurité est stable en France

La question de l’insécurité revient régulièrement au-devant de l’actualité en France. Il peut être difficile de faire la part des choses entre des inquiétudes réelles et l’instrumentalisation de faits divers. Porter une appréciation sur le sujet n’est pas facile, parce que, s’agissant de pratiques illégales, les statistiques disponibles ne mesurent qu’une partie de ce qui se passe réellement. Pour autant, rien n’indique que la société française soit devenue plus violente ces dernières années, c’est même l’inverse qui apparaît à la lecture des données disponibles.

Si on prend en compte l’ensemble des crimes et délits enregistrés par les services de police et de gendarmerie depuis la Seconde Guerre mondiale, on note une forte hausse entre les années 1960 et le début des années 1980. On passe à l’époque de 10 crimes et délits par an et pour 1 000 habitants à environ 60. Depuis, les données varient entre 55 et 65. Entre 2016 et 2022 — en excluant l’année 2020 et la période de confinement —, les crimes et délits sont restés stables autour de 48 pour 1 000.

Taux de crimes et délits pour 1 000 habitants en France

Source : d’après le ministère français de l’Intérieur. © Centre d’observation de la société.

Cet indicateur global des crimes et délits pose de nombreux problèmes, car il rassemble des faits hétéroclites, et son évolution peut relever de moteurs très différents. Ainsi, il dépend de l’activité des services de police : quand ces derniers deviennent plus efficaces, les chiffres augmentent sans que cela traduise nécessairement une hausse de l’insécurité. Par ailleurs, les variations du taux de crimes et délits reflètent souvent de grandes transformations sociales : l’augmentation des années 1960 et 1970, par exemple, est essentiellement due aux vols. On entre alors dans la société de consommation, il y a plus d’objets à voler, on s’assure plus souvent et on déclare davantage les vols à la police… La violence enregistrée par les statistiques dépend donc aussi des sensibilités individuelles au sujet et de la capacité des individus à déclarer des faits.

Violences contre les personnes

Pour comprendre l’insécurité, il faut entrer dans les détails des crimes et délits. Depuis le milieu des années 1980, les violences les plus graves diminuent : on s’entretue de moins en moins en France. Si l’on se place sur une longue période, l’élévation des niveaux de vie et de diplôme d’un côté, et la meilleure protection des personnes par les forces de sécurité de l’autre, jouent dans cette diminution. Plus récemment, le nombre annuel d’homicides a nettement baissé, de 1 400 à 800 entre 2002 et 2009, et il est à peu près stable depuis 10 ans.

Le nombre de coups et blessures est resté stable de 2008 à 2016, autour de 220 000 par an, puis il a fortement progressé, pour atteindre 350 000 en 2022. Ces chiffres sont utilisés pour nourrir le débat sur la hausse de ...