Le Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI) a publié en mars 2023 son rapport sur les transferts d’armement sur la période 2018-2022. Les chiffres et analyses qui y sont produits servent de manière utile à mesurer les fluctuations en termes de volume par rapport à la période précédente (2013-2017), ainsi qu’à observer les grandes tendances par zone géographique.
Il convient de préciser que les chiffres concernent les transferts d’armement, et non les acquisitions d’un pays — s’il dispose de capacités de production locales — ni des budgets de défense.
Des transferts en baisse au niveau mondial, mais qui augmentent très sensiblement dans certaines régions
Le SIPRI relève que si les transferts d’armement au niveau mondial ont baissé de 5,1 % sur la période 2018-2022 par rapport à 2013-2017, ils ont en revanche fortement augmenté dans au moins deux régions : l’Europe et l’Asie de l’Est.
Ainsi, ils ont progressé de 47 % en Europe sur la dernière année de la période considérée, la raison étant évidemment le conflit russo-ukrainien. Ce dernier a provoqué deux effets qui expliquent cette tendance : d’une part les transferts des Occidentaux vers l’Ukraine pour soutenir son effort de guerre, et d’autre part les acquisitions — et notamment les importations — annoncées dès l’année 2022 par les pays européens de l’OTAN (Organisation du traité de l’Atlantique Nord) pour renforcer leur outil de défense face à une menace russe maintenant perçue comme tout à fait crédible du fait de la guerre et des menaces du Kremlin à l’égard de l’Occident.
L’autre zone du monde où les transferts d’armement ont augmenté de manière significative est l’Asie de l’Est, avec une progression de 21 %, avant tout portée par le Japon (+ 171 %), la Corée du Sud (+ 61 %) et l’Australie (+ 23 %), les trois principaux alliés historiques des États-Unis dans la zone Asie-Pacifique. La perception de la menace chinoise et nord-coréenne pour les cas sud-coréen et japonais, explique largement ces chiffres. En revanche, la région d’Asie du Sud-Est a fortement diminué ses achats d’armement, avec une chute de 42 %. Cela est en partie provoqué par l’effet d’absorption des équipements acquis dans les cinq années précédentes.
Les transferts d’armement diminuent aussi fortement en Afrique (- 40 %) et dans les Amériques (- 21 %). Il s’agit peut-être des effets liés à la lutte contre la pandémie de Covid-19, qui a fortement mobilisé des budgets nationaux déjà fragiles dans la plupart des cas, la priorité des dépenses publiques allant vers la gestion de cette crise plutôt que vers les acquisitions d’armement.
Le Moyen-Orient, région pourtant historiquement fortement importatrice d’armement, voit...
