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Croyances et mésinformation : des chiffres alarmants

Selon une enquête réalisée par l’IFOP [1] sur le rapport des jeunes français de 11 à 24 ans vis-à-vis de la science, publiée en décembre 2022, il est clair que la confiance en la science se dégrade et qu’en revanche, la croyance en des sciences occultes augmente.

À la question « d’une manière générale avez-vous l’impression que la science apporte à l’homme plus de bien que de mal, plus de mal que de bien ou à peu près autant de mal que de bien ? », seuls 33 % des jeunes estiment que la science apporte plus de bien que de mal, alors qu’ils étaient 55 % en 1972 à estimer que la science apportait plutôt des bienfaits. Et ils sont 17 % à considérer qu’elle apporte plus de mal que de bien, une part qui a triplé en 50 ans (6 % en 1972), alors que les seniors (plus de 65 ans), en 2022, ne sont que 7 % à avoir cette mauvaise opinion de la science.

Évolution du rapport à la vérité

Plus de 30 % des jeunes adhèrent à des vérités alternatives, comme le fait que l’élection présidentielle de 2020 aux États-Unis aurait été faussée au détriment de Donald Trump ou que les vaccins à ARN (acide ribonucléique) messager généreraient des protéines toxiques qui causeraient des dommages irréversibles aux organes vitaux des enfants (17 % et 26 % chez les seniors sur les mêmes questions). Par ailleurs, 20 % des jeunes ne croient pas que les Américains soient allés sur la Lune, un chiffre qui a augmenté de cinq points depuis 2017.

La part de ceux qui pensent que la Terre est plate est loin d’être négligeable parmi les jeunes : 16 %, un chiffre cependant en baisse de deux points par rapport à 2017 ; alors que cette contre-vérité est quasi absente chez les seniors — seuls 3 % y adhèrent. Le « platisme » est particulièrement fréquent chez les jeunes les plus adeptes des réseaux sociaux tels TikTok, Telegram ou encore YouTube. De même, l’idée que l’on peut avorter sans risques avec des produits à base de plantes, comme l’armoise par exemple, est soutenue par un quart des jeunes, 36 % des usagers pluriquotidiens de réseaux de microblogging et même 48 % des utilisatrices de Telegram, ce qui n’est pas sans risque pour leur santé physique. Enfin, la contestation de l’évolutionnisme — consistant à réfuter l’idée selon laquelle l’homme est le fruit d’une longue évolution d’autres espèces, et à penser qu’il a été créé par une force spirituelle / Dieu —, que l’on aurait pu croire réservée aux Américains, est portée par plus d’un quart des jeunes français (27 %) — contre à peine un senior sur cinq (18 %) — ; sans surprise, ces jeunes sont majoritairement religieux et plus particulièrement musulmans en France.