Revue

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L'eau en Seine-Normandie

Projet de livre blanc

Schéma général d’aménagement de la France, « L’eau en seine-normandie, TRP, 15, mars 1971, 173 p.

« Un Livre Blanc de l’Eau ?
Il n’étonnera sans doute personne aujourd’hui que le Ministre délégué auprès du Premier Ministre chargé du Plan et de l’Aménagement du Territoire ait demandé voici près d’un an aux Missions déléguées de Bassin et, à travers elle, aux Agences financières et aux Comités de Bassin, d’établir, dans le cadre géographique de chacun des six grands bassins hydrographiques français, de tels documents.

En effet, l’opinion a pris conscience qu’en France comme dans tous les grands pays modernes, il y avait désormais un problème de l’Eau. Et ce problème, il fallait d’abord le « comprendre » pour être à même ensuite « d’agir » et de mettre en place les moyens d’intervention nécessaires.

Ce Livre Blanc a été élaboré par les organismes de Bassin de Seine-Normandie au cours de près d’une année de réflexion au sein de leurs groupes de travail. On verra, en le feuilletant, combien les voies de cette réflexion ont été diverses, curieuses et, parfois, audacieuses. Ce que ce Livre se propose, c’est d’abord de présenter à un public déjà averti – et, tout spécialement, à tous ceux qui, à la place où ils sont, ont à l’égard de l’Eau des responsabilités à prendre -, des thèmes, des idées, des chiffres, des mises en garde et des incitations.

Au départ, comme il se doit pour un Livre Blanc, celui-ci prend en compte le donné, c’est-à-dire à la fois l’existant, qu’il décrit à travers les situations locales, et le probable, qu’il appréhende à travers les documents d’aménagement déjà assez nombreux dans cette partie du pays.

Puis il montre dans chaque cas ce qu’il adviendrait au bout du siècle de la situation ainsi décrite dans la double référence des quantités d’eau rapportées aux besoins et de la qualité rapportée aux usages.

Enfin, pour conclure et convaincre, pouvait-il éviter de dire ce qu’il en coûterait en dommages aux générations à venir si la nôtre se refusait à prendre dès maintenant sa part de l’effort nécessaire ? Et, par conséquent, pouvait-il négliger de faire prendre aux responsables d’aujourd’hui la mesure de ce qu’il leur revenait de décider, de financer et d’accomplir?

Le Livre Blanc s’est engagé et il a proposé aux autres des engagements.

Ceux qui ont écrit ce document ont pensé que, finalement, ils n’auraient que peu dit s’ils s’étaient satisfaits de proposer un catalogue de vœux et de mises en garde. Ils ont évalué des masses financières et ils ont présenté des schémas de circuit pour la collecte et la répartition de ces masses.

Voilà maintenant livrés ces chiffres. On les critiquera, on les discutera. Heureuse discussion si on en arrive jusque là. Car c’est à partir d’elle que l’opinion s’engagera véritablement dans la prise en compte des enseignements que lui aura apportés le Livre Blanc.

Que cette discussion soit la plus large possible, à tous les niveaux, régionaux et départementaux, au niveau des élus et des industriels, au niveau des Pêcheurs et des Amis de la Nature… Qu’elle soit longue et persévérante, qu’elle se prolonge et qu’elle diversifie la réflexion entreprise au sein des organismes de Bassin, voilà ce que je souhaite en ma qualité de Président de la Mission Déléguée de Seine-Normandie.

Si le public aujourd’hui a conscience qu’il existe un problème de l’Eau, il faut qu’il se convainque en même temps que ceux qui sont aux postes de responsabilité savent comment agir pour maîtriser ce problème. Ce Livre Blanc est seulement pour éclairer ce public. C’est à lui que demain, à travers les instances où il s’exprime, il reviendra de décider.