Pierre Papon propose ici un focus sur la recherche médicale en France, à partir de l’analyse de deux rapports parus cet hiver et consacrés à ce sujet, l’un dressant un bilan général assorti de propositions d’évolution du système institutionnel ; l’autre faisant le point sur la gestion de l’INSERM sur la période 2015-2021.
Fischer Alain (avec l’appui de Mouro Violette et Heard Mélanie), La Recherche médicale en France. Bilan et propositions, Paris : Terra Nova, 18 janvier 2023, 49 p. ; et Les Comptes et la gestion de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM). Exercices 2015-2021, Paris : Cour des comptes, novembre 2022, 108 p.
À l’occasion de la crise provoquée par la pandémie de Covid-19, l’opinion publique s’est interrogée sur le manque d’anticipation par la France d’éventuelles épidémies, et de préparation à la lutte contre les maladies infectieuses émergentes. Plus généralement, un diagnostic de la situation de la recherche médicale s’impose et c’est l’objet du rapport d’Alain Fischer (professeur émérite au Collège de France et immunologiste, il préside le Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale), publié par le think-tank Terra Nova. Il souligne, en introduction, que de nombreux indicateurs, notamment ceux de l’Observatoire des sciences et des techniques (OST), mettent en évidence un lent déclin scientifique de la France depuis deux décennies qui révèle une baisse de performance de sa production scientifique : sa part de publications scientifiques a chuté de 34 % sur la période 2005-2008, passant du sixième au neuvième rang mondial. La recherche médicale et en sciences de la vie n’a pas échappé à ce déclin.
Alain Fischer rappelle que la recherche biomédicale et en santé est un espace à quatre dimensions : la recherche fondamentale en sciences de la vie (avec une contribution de disciplines comme la chimie) ; la recherche dite translationnelle s’intéressant aux mécanismes des maladies (la physiopathologie) ; la recherche clinique qui étudie l’homme sain et malade (les pathologies, les diagnostics, les thérapies) ; et la recherche sur les politiques de santé publique (l’épidémiologie, la sociologie, les politiques de prévention, etc.) qui s’appuie sur la modélisation.
Il met en évidence la fragmentation et la complexité du système institutionnel avec de nombreux acteurs : l’INSERM (Institut nati...
