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Ségrégation : les instruments de mesure

Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 406, mai-juin 2015

Montée du Front national, mise au jour de foyers djihadistes, polémiques quant à la réalité d’un apartheid social voire ethnique dans certains quartiers : les débats se multiplient en France, depuis les attentats de janvier 2015, sur l’existence de zones de relégation sociale et la sociologie des individus qui y vivraient. Pour autant, comme le montrent ici Bernard Aubry et Michèle Tribalat, il y a peu de chiffres valables sur lesquels s’appuyer pour argumenter dans un sens ou dans l’autre, notamment s’agissant de l’origine des populations concernées. Et les indicateurs traditionnels, à supposer qu’ils existent et soient correctement renseignés par les enquêtes démographiques, ne sont pas forcément les plus pertinents pour observer l’évolution sociologique d’une population sur un territoire donné et son éventuelle ségrégation. S’appuyant sur une analyse récente menée aux États-Unis, les auteurs montrent l’intérêt et la pertinence d’indicateurs dits de ségrégation de voisinage qui permettent d’apprécier de manière beaucoup plus fine la ségrégation des populations (entre-soi socioprofessionnel, communautaire…) à des échelles géographiques elles-mêmes très précises. Partant de données anciennes disponibles en France, ils expliquent comment ce type d’indicateurs pourrait être élaboré en France et ce qu’il serait susceptible de renseigner, tout en déplorant le peu d’intérêt manifesté par les instituts officiels de statistique, sinon leur mauvaise volonté. Une situation de blocage pour le moins déplorable car quelle que soit la position défendue par les parties aux débats évoqués plus haut, elle nécessite d’être étayée par des données précises, les seules à partir desquelles pourront ensuite être proposées des réponses politiques adaptées.

#Groupes ethniques #Indicateurs #Intégration sociale #Mathématiques. Analyse statistique