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La fin du pétrole bon marché. Pourquoi les informations sur les réserves sont si peu fiables et controversées

Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 315, janvier 2006

Le pétrole est indispensable au fonctionnement de l’économie mondiale, notamment du fait de la dépendance quasi totale du secteur des transports. Pourtant, les prévisions d’offre et de demande d’hydrocarbures sont très différentes selon la source d’expertise considérée.
Ainsi, bien qu’elles soient peu débattues dans les publications institutionnelles, des controverses majeures pèsent sur l’estimation des réserves ultimes de pétrole. Les plus optimistes, arguant du fait que le montant des réserves prouvées n’a cessé de croître au cours des 50 dernières années, notamment grâce au progrès technologique et à l’exploitation de nouveaux champs en eaux profondes, prolongent la tendance passée et estiment que l’on n’a pas à craindre de pénurie avant 40, voire 80 ans.
De leur côté, les plus pessimistes affirment que le pétrole est une ressource finie dont les principales zones d’exploitation ont d’ores et déjà été découvertes. La consommation excédant désormais les découvertes et le progrès technique ayant ses limites, ils estiment, à partir de l’étude des découvertes passées, que la production pétrolière conventionnelle et non conventionnelle pourra croître jusqu’en 2015-2030 à un maximum de production de 90 millions de barils par jour, mais qu’elle déclinera ensuite inexorablement.
Jean Laherrère, spécialiste de l’étude des réserves, fait le point sur l’état et les prévisions d’évolution des réserves de pétrole mondiales. Plutôt pessimiste dans son approche, il souligne à quel point la publication des chiffres, en ce domaine, est politique et sujette à caution, faute notamment de définitions communes de ce que l’on évalue. Il présente les diverses estimations des réserves ultimes d’hydrocarbures (c’est-à-dire la production cumulée + les réserves restantes à produire + ce qui reste à découvrir), et les divers facteurs influençant les prévisions. Sa conclusion est sans ambages : il faut rapidement maîtriser la consommation de pétrole (si besoin en augmentant sensiblement les prix) pour espérer satisfaire nos besoins futurs en énergie.

#Pétrole #Prévision (étude de cas)