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L'éthique : sources et praxis

Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 260, janvier 2001

Dans l’interview accordée à Futuribles, Marcel Gauchet démontre en quoi les évolutions historiques peuvent être ouvertes et surprenantes.
Tout d’abord, nous dit-il, notre monde est un monde désenchanté, qui se livre de plus en plus au pouvoir des hommes sur eux-mêmes, et où la conscience individuelle se pose en arbitre absolu de la décision éthique ou morale. La démocratie et la désacralisation des religions rendent la culture occidentale à la fois plus sûre d’elle-même dans ses valeurs et plus incertaine dans ses modalités de fonctionnement, ce qui suscite une véritable problématique. Si la société dispose d’un minimum de référents collectifs, leur application pose un débat permanent.
Ensuite, nous explique-t-il, cette modernité s’accompagne d’un affaiblissement de l’autorité sociale des Églises qui, à l’inverse, gagnent en autorité morale. La société n’attend plus d’elles un pouvoir d’interdits et de coercition à l’égard des consciences individuelles, mais plutôt un éclairage sur les questions et les dilemmes qui se posent à elles. Sauront-elles répondre à ces attentes mieux que n’a été en mesure de le faire la laïcité ?
Enfin, ajoute-t-il, l’une des questions principales du monde contemporain touche à l’éducation, au devenir humain. S’il n’y a plus ni tradition ni autorité transcendante, de quelle manière s’approprier les principes éthiques et moraux ? Les familles ne semblent plus porteuses de la tradition. L’école deviendra-t-elle le lieu de la formation ? Ou bien la religion s’affirmera-t-elle dans ce rôle primordial ?
On est, conclut Marcel Gauchet, devant un fait sans précédent dans l’histoire de l’humanité.

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