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Le devenir de la religion en Occident. Réflexion sociologique sur les croyances et les pratiques

Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 260, janvier 2001

Alors que dans les années 1960-1970, la religion s’effaçait, depuis 20 ou 30 ans on assiste à l’explosion de formes de spiritualité désormais, certes, plus diffuses et individualisées. Mais, au-delà de ces deux séquences, de sécularisation puis de recomposition, pour Yves Lambert nous assistons à des phénomènes de déclin, d’adaptation, de réactions conservatrices et d’innovation que le sociologue des religions s’attache ici à expliciter.
Le déclin résulte, selon lui, de la modernité et des valeurs qui la caractérisent : le primat accordé à la raison, à l’individualisme, à la différenciation. Mais, avec  » l’ultramodernité « , ces mêmes valeurs (de rationalité, d’individualisme…) se trouvent relativisées, ce qui ôte à la religion ses concurrents les plus redoutables mais amène l’Église aussi à renoncer à ses prétentions hégémoniques. Les religions elles-mêmes se trouvent relativisées : elles perdent de leur autorité et se développent un  » croire sans appartenance « , une foi plus personnelle.
Nous assistons alors à un processus d’adaptation.  » La crise de la rationalité favorise la recherche de l’expression des affects et de l’expérience subjective du divin […] ; nous allons vers un christianisme à la carte  » et observons un regain de croyances multiformes en même temps qu’un rapprochement du divin et de l’humain. Donc, au principe d’autorité, de transcendance, se substitue une quête spirituelle plus spontanée, plus individualisée. Et de la religion, on attend non plus la vérité mais qu’elle apporte quelque chose dans cette quête nouvelle d’épanouissement. Décomposition ou recomposition du christianisme ? demande alors Y. Lambert qui, finalement, estime qu’en abandonnant son caractère totalitaire, celui-ci est plutôt cohérent avec les valeurs qui le fondent.
Mais l’auteur reconnaît que ce processus s’accompagne aussi de réactions conservatrices. Toutefois, en se fondant sur les enquêtes disponibles, il remarque que les fondamentalistes partout demeurent minoritaires et que l’adaptation du christianisme à la modernité révèle de sa part d’étonnantes capacités d’innovation. Il souligne ainsi l’expansion de nouvelles formes religieuses caractéristiques de  » l’ultramodernité  » : l’individualisation, l’autospiritualité, le pragmatisme, la mobilité…
Ces quatre types d’évolution existent mais ne sont pas équiprobables, indique l’auteur en conclusion, et le  » foisonnement évolutif du religieux  » peut, suivant les régions, donner naissance à des mouvements sociaux fort divers.

#Europe occidentale #Religion #Système de valeurs