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L'éthique du futur. Pourquoi faut-il retrouver le temps perdu ?

Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 226, décembre 1997

« Quand il est urgent, c’est déjà trop tard » disait Talleyrand, attirant ainsi déjà notre attention sur le fait que, en l’absence d’anticipation, nous serions acculés à gérer les urgences, ne disposant guère en l’espèce de marges de manoeuvre puisque nous serions complètement contraints par les événements.
Jérôme Bindé va encore plus loin. Il dénonce ici « la tyrannie de l’urgence » dont nous serions désormais tous victimes et, pire encore, le culte du juste à temps, c’est-à-dire le piège (le leurre ?) de l’instantanéité opposé à la dimension du temps long qui, seule, est de nature à donner un sens à nos actions, de les resituer dans la perspective d’un projet – une vision collective d’un avenir souhaitable et possible -, facteur de « reliance » aussi bien entre l’agir et le désir, qu’entre moi et les autres.
Il faut, souligne l’auteur, réhabiliter le temps long, particulièrement à venir, réhabiliter le futur et la double exigence de l’anticipation et du projet, en évitant de prendre prétexte de l’incertitude pour ne rien faire, en évitant aussi d’agir sans précaution vis-à-vis des générations futures. J. Bindé livre, ce faisant, une réflexion originale sur le « principe de précaution » et les dangers qu’il comporte, ainsi que sur notre responsabilité notamment en matière de gestion dynamique du patrimoine (en particulier l’écosystème) en nous mettant en garde contre le double piège : le déni et le repli, l’utopie idéaliste et le réalisme catastrophiste.
Il souligne enfin le rôle de la solidarité entre les âges (diachronie) et entre les gens (synchronie) en montrant notamment que ces deux dimensions sont plus complémentaires qu’opposées et quelles analogies l’on peut établir entre notre relation au temps et celle aux autres.

#Philosophie #Prospective #Utopie