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Universalisme moral et tri économique

Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 223, septembre 1997

L’UNESCO a pris l’heureuse initiative d’organiser depuis quelques années des « Rencontres philosophiques » à partir de questions en apparence élémentaires – par exemple « Qui sommes-nous ? » – mais qui donnent toujours lieu à des débats passionnants, passionnés et difficiles entre philosophes, historiens et, plus généralement, des experts des sciences exactes et humaines.
Les 2e Rencontres philosophiques de l’UNESCO, qui se sont déroulées à Paris du 27 au 30 mars 1996, portaient sur l’idée d’universalisme héritée de l’époque des Lumières. La question en substance était de savoir ce qu’il restait de cette grande idée en cette fin de XXe siècle marquée par la mondialisation de l’économie, la désintégration de l’espace public, la perte des référents collectifs et la montée d’un individualisme et d’une concurrence féroces qui semblent remettre en cause les valeurs universalistes et humanistes sur lesquelles sont fondées nos sociétés.
Le célèbre philosophe Richard Rorty, professeur à l’université de Virginie, fut chargé de lancer le débat et le fit d’une manière particulièrement provocante en montrant comment l’économie mondialisée opère un tri entre les privilégiés qui ont droit à l’universalisme et les pauvres qui – ne fut-ce que pour des raisons économiques – sont éliminés, relégués en marge d’un système qui – tout en se réclamant toujours des valeurs universalistes – est de plus en plus inégalitaire. Il convient de lire ce texte en le resituant dans le contexte nord-américain.

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