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Géopolitique : l'idéalisme américain. À propos du livre de Henry Kissinger " Diplomatie "

Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 221, juin 1997

Pierre Béhar livre ici une analyse critique prospective du magistral ouvrage de Henry Kissinger Diplomatie qui, au-delà du récit historique, révèle les ressorts tout particuliers de la politique étrangère des États-Unis et finalement éclaire les enjeux géopolitiques à l’aube du XXIe siècle.
Selon H. Kissinger, les traditions diplomatiques de l’Europe et des États-Unis d’Amérique reposent sur des philosophies fort différentes: l’Europe raisonne, à l’image de Richelieu, en termes de raison d’État et en fonction d’intérêts et de rapports de force géopolitiques ; les États-Unis appliquent au contraire aux relations inter-étatiques les principes moraux devant régir les rapports entre individus. Depuis Woodrow Wilson, la diplomatie américaine se fonde sur « la certitude d’une mission proprement messianique », l’intime conviction qu’elle incarne un ordre moral idéal et se doit de l’imposer au monde entier.
H. Kissinger explique cette conception, notamment par la position géostratégique des États-Unis. Il la critique aussi sans complaisance en dénonçant l’impérialisme du rêve américain, ses conséquences au plan intérieur et international. Il montre les effets pervers d’une politique aveugle aux réalités, assez puissante pour déstabiliser le monde mais insuffisamment pour lui imposer un ordre moral universel.
Enfin, à partir d’une analyse de la position particulière des États-Unis au regard des autres pays et régions, H. Kissinger brosse un panorama de l’évolution géopolitique mondiale et montre pourquoi la diplomatie américaine (« en proie au désarroi de tout illuminé ») devra renoncer à ses rêves universalistes et faire l’apprentissage d’un monde multipolaire.

#États-Unis #Impérialisme #Politique étrangère