L'Espagne en transition

Cet article tente de monter quelques scénarios de l’avenir sociopolitique de l’Espagne, à partir d’une analyse des changements de la société d’outre-Pyrénées depuis les années 1960.
Une introduction cherche à situer les forces en présence à partir de l’analyse politique des événements survenus lors de la  » semaine noire  » (23 et 24 janvier 1977). Dans un premier temps, les causes profondes de l’évolution sont repérées et les phénomènes relatifs au changement de génération, au développement économique, à l’émigration interne vers les villes et l’industrie, décrits (1959-1972). Ces bouleversements se sont accompagnés, dans un État soumis au centralisme et incapable d’adapter sa structure politique, de créations sociales originales, porteuses d’avenir, qui représentent des modes de contestation ou de gestion particuliers.
Une présentation des événements des trois années de crise politique à son paroxysme (1973-1975), et de la première année du nouveau régime (1976), montre ensuite le changement à son terme, après une demi-génération, et permet d’esquisser, en la liant aux réalités sociales et économiques, une description des partis ou regroupements qui affronteront les élections de juin 1977.
Pour terminer, une prédiction est tentée en distinguant deux périodes : la période préélectorale caractérisée par une trêve implicite admise par l’ensemble de la classe politique ; les quelques années d’installation du nouveau régime (terme fixé à 1980). Une combinaison type de majorité issue des élections – nature des problèmes que tout gouvernement devra résoudre après la trêve – permet de distinguer deux scénarios d’évolutions possibles. Ces scénarios constituent des variations autour d’une tendance jugée désormais fondamentale de la société espagnole moderne : le pluralisme politique et l’évolution pacifique vers un régime représentatif. L’extrême gravité des deux crises que devra affronter le gouvernement (nationalisme basque, crise économique) autorise à apporter quelques précisions aux deux schémas retenus.
L’évolution rapide de la situation espagnole rend, bien sûr, son étude en profondeur très difficile. Le tour d’horizon général présenté ici ne constitue que l’amorce d’une discussion appelée à se poursuivre après les élections.