Revue

Revue

Les effets économiques d'une réduction réorganisation du travail

Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 165, mai-juin 1992

Dépassant enfin le débat souvent très idéologique pour ou contre la réduction du temps de travail, G. Cette et D. Taddei nous livrent ici pour la première fois une analyse fine des effets économiques, au niveau d’une entreprise puis d’une nation, de la réduction du temps de travail sous réserve, précisent-ils, que celle-ci – comme la logique et l’expérience l’imposent – soit associée aux processus de réorganisation du travail et tienne compte des phénomènes de compensation salariale. Ces trois composantes sont indissociables, soulignent les auteurs, qui montrent en même temps combien il serait absurde d’imaginer que toutes les entreprises procèdent en même temps et selon des modalités identiques à une même réduction et une même réorganisation du temps de travail, quels que soient la nature de leurs activités, leurs contraintes et leurs atouts. Excluant du même coup de mesurer les effets macroéconomiques en se contentant de prendre appui sur les effets observés au niveau d’une entreprise-type (ou de la simple addition de situations individuelles), les auteurs, après avoir exposé les effets au niveau de l’entreprise, rendent compte des effets au niveau national tels qu’ils résultent de simulations opérées à partir de divers modèles macroéconomiques. 1) Au niveau de l’entreprise, G. Cette et D. Taddei, montrent que la Réduction et la Réorganisation du Travail (2 RT) peuvent permettre une substantielle – et néanmoins variable – réduction des coûts de production du fait, d’un côté des gains de productivité induits par la réduction du temps de travail et de l’allongement de la durée d’utilisation des équipements induite par sa réorganisation, malgré de l’autre côté, des mesures de compensation salariale. La question suivante étant de savoir, eu égard à sa situation particulière, exploiter cette réduction du coût unitaire de production, soit pour dégager une marge unitaire supérieure, soit pour développer son activité, cette seconde option étant évidemment plus favorable au plan de la croissance économique et de l’emploi. 2) Au niveau de la nation, s’appuyant donc sur divers exercices de simulation, les auteurs montrent que la 2 RT – à environnement international inchangé – peut être éminemment bénéfique aux plans de la compétitivité, des revenus et de l’emploi, bref déclencher un processus vertueux au profit des comptes publics comme de la croissance du PIB. Prenant ensuite l’hypothèse que sept pays européens s’engageraient dans un même processus, les effets de la 2 RT seraient encore plus positifs, générant, suivant les hypothèses, de 1,2 à 2,3 millions d’emplois supplémentaires sur cinq ans, en même temps qu’une sensible amélioration au niveau des prix, du solde extérieur et des comptes publics… Bref, à condition qu’elle soit mise en oeuvre de manière décentralisée et sélective, la réduction du temps de travail, si elle s’accompagne d’une judicieuse réorganisation dudit temps de travail, pourrait être éminemment profitable à l’ensemble des agents : l’entreprise, l’État et les individus, aussi bien comme travailleurs que producteurs. À bon entendeur, salut !
#Aspects économiques #Modèles économétriques #Temps de travail