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La maladie du diplôme. Propositions pour une nouvelle politique

Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 173, février 1993

Le développement de l’éducation et de la formation est généralement accepté comme une priorité nationale et comme le moyen le plus efficace de lutter contre le chômage. Cependant, Michel Godet s’élève ici violemment contre une politique d’éducation nationale qu’il estime mal conçue, fondamentalement perverse, tant du point de vue du développement des individus que du point de vue des besoins du marché de l’emploi.
La politique adoptée par la France est, selon lui, entachée de douze erreurs graves qu’il s’attache ici à dénoncer, s’obligeant subséquemment à exposer les orientations toutes différentes qu’il conviendrait d’adopter :
– La première erreur, et peut-être la plus lourde de conséquences fâcheuses, est de s’être fixé d’amener, d’ici à l’an 2000, 80% des écoliers au niveau du baccalauréat ; cette course aux diplômes ne peut être gagnée qu’au détriment de la qualité.
– La seconde tient à la confusion des sens, notamment entre instruction, éducation, formation, qualification et professionnalisme.
– La troisième est de faire du faible niveau d’éducation « le bouc émissaire du chômage » alors, qu’en réalité, les causes du chômage sont ailleurs.
– La quatrième erreur, source d’importantes frustrations futures, est d’entretenir l’illusion que les métiers de demain exigeront un niveau plus élevé de formation et de qualification, alors que la majorité des emplois du futur seront faiblement qualifiés.
– la cinquième est de confier la formation professionnelle et technique à l’Éducation nationale et la sixième de recruter des enseignants n’ayant aucune expérience professionnelle en dehors de l’institution scolaire.
– la septième est de procéder à la sélection des élèves par les mathématiques au détriment d’autres disciplines, renforçant ainsi les inégalités (neuvième erreur) d’autant plus que la formation initiale est survalorisée par rapport à la formation continue (huitième erreur). De sorte on oppose des élites en situation de rentiers au plus grand nombre, très rapidement en échec (dixième erreur).
– Les deux dernières erreurs : le mode d’organisation du système éducatif et le monopole du ministère de l’Éducation nationale.

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