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La redistribution de l'emploi en Allemagne

Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 195, février 1995

Tandis que les Français n’en finissaient pas de débattre et de théoriser sur la réduction du temps de travail et ses effets présumés, les Allemands négociaient, expérimentaient et, sur cette base, peuvent aujourd’hui dresser un premier bilan. Tel est l’objet de l’article de Steffen Lehndorff qui rappelle tout d’abord les termes du célèbre accord intervenu chez Volkswagen, suivi d’une série d’autres accords et conventions collectives négociés au sein de diverses entreprises et étendus à plusieurs branches.
Quels enseignements peut-on tirer de ces accords qui ont consisté à réduire le temps de travail plutôt que le nombre d’emplois, les salariés acceptant une réduction non proportionnelle de leur revenu en échange d’une garantie d’emploi ? D’abord que ces mesures se sont avérées efficaces en termes d’emploi (le nombre de salariés à temps plein a augmenté de 6,5 % alors que la demande de travail en heures n’a augmenté que de 0,8 %) et de productivité. Ensuite que la baisse des rémunérations (et donc des rentrées fiscales) est très inférieure au coût qu’auraient entraîné les licenciements (et donc l’accroissement du chômage).
Salutaires furent donc ces mesures qui, toutefois, ont été adoptées en période de crise économique. Le seraient-elles identiquement la croissance repartant ? Assurément répond S. Lehndorff, d’abord parce que la reprise à elle seule ne résoudra pas le problème du chômage, ensuite parce que la compensation salariale – bien que partielle – permet de soutenir la demande. La réduction de la durée du travail avec compensation salariale financée par la hausse de la productivité permet, conclut l’auteur, non seulement de maintenir, mais de créer des emplois, de préserver les revenus et d’aménager plus heureusement les horaires.

#Allemagne #Emploi #Temps de travail