Depuis très longtemps, l’Iran est une puissance de première importance sur la scène internationale. La centralité stratégique de ce pays repose sur une histoire et une géographie. Quarante ans après la révolution islamique, l’Iran demeure incontournable mais inclassable.
Doté de grandes ressources en hydrocarbures, le pays souffre d’une série de vulnérabilités économiques, liées à la fois aux limites structurelles de son modèle de développement, à la rigidité de son système politique et à son isolement persistant sur les marchés mondiaux. Alors que sa société évolue vite et présente un niveau de formation élevé, le régime ne change pas son idéologie religieuse. Le conservatisme l’emporte toujours sur le réformisme. Cette situation engendre de fréquentes tensions dans un pays par ailleurs frappé du sceau de la rareté hydrique et de la volatilité récurrente de sa monnaie. Celles-ci peuvent demain fragiliser un certain nombre d’équilibres territoriaux et économiques en Iran.
Ces dynamiques internes se combinent avec des actions extérieures controversées. Le dossier du nucléaire en est la parfaite illustration. Les opérations militaires conduites ces dernières années dans la région font débat, tandis que la rivalité avec le voisin saoudien s’exacerbe. Les rapports de Téhéran avec les puissances s’avèrent complexes. Avec les États-Unis, l’agressivité fait son retour. Le dialogue avec les Européens est contrarié. Le rapprochement avec la Russie est méfiant mais pragmatique. Le renforcement des liens s’avère significatif avec l’Asie et notamment la Chine.
Tout cela doit être analysé avec la ligne directrice qui détermine l’ensemble des actions de l’Iran : être indépendant. Trois grands scénarios peuvent être envisagés pour la décennie 2020-2030 à propos de l’Iran et de ses rapports avec le monde : la « déshydratation », l’« asiatisation », la militarisation. Ces hypothèses d’avenir ne sont pas exemptes de combinaisons ou de synergies à l’horizon d’une dizaine d’années.
