L’agriculture urbaine fait l’objet d’un engouement récent et d’une forte visibilité médiatique dans les pays développés. En témoigne la création en France, en 2017, de l’Association française d’agriculture urbaine professionnelle, ou la multiplication d’initiatives publiques dans des villes comme Paris, qui a lancé les Trophées de l’agriculture urbaine et mène une politique active de soutien à cette activité.
Ce développement peut s’expliquer par la conjonction de plusieurs grandes tendances. Premièrement, l’urbanisation de la planète. Selon la Division de la population des Nations unies, en 2050, 66 % de l’humanité vivra en ville, contre 32 % en 1955. Cette urbanisation éloigne les urbains de la nature et, dans le même temps, provoque une demande d’espaces naturels.
En second lieu, les enjeux alimentaires refont surface dans les pays du Nord. Longtemps cantonnées aux seules politiques agricoles, les questions d’alimentation reviennent sur le devant de la scène, poussées notamment par la prise de conscience par les consommateurs des limites environnementales et sociales du modèle agro-industriel qui a prédominé depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
À l’échelle mondiale, la dernière estimation de la contribution de l’agriculture urbaine date de 1993. À cette date, on estimait que 15 % à 20 % de l’alimentation mondiale étaient produits en ville. Une estimation plus récente estime que la proportion d’urbains pratiquant l’agriculture à l’échelle mondiale se situe entre 25 % et 30 %.
Ainsi, alors que dans de nombreuses villes du Sud l’agriculture urbaine fait partie depuis longtemps des stratégies de sécurité alimentaire des ménages, et alors que les villes de l’ère industrielle ont œuvré à l’éloignement de l’organique des aires urbaines (notamment pour des raisons d’hygiène), les métropoles du Nord du début du XXIe siècle voient d’un œil nouveau la place de la production alimentaire en leur sein.
Comment définir l’agriculture urbaine ? Quelle diversité de pratiques recouvre-t-elle ? Quel est son potentiel pour l’approvisionnement alimentaire durable de villes ? Quels sont les défis que cette activité devra relever à l’avenir pour contribuer pleinement au développement durable des villes ?
