En ces 20 premières années du XXIe siècle, l’influence est devenue la norme des relations internationales et s’est imposée comme un instrument privilégié de la compétition de puissance. De fait, après les illusions d’un monde pacifié au début des années 1990, la confrontation a repris ses droits, suivant des règles du jeu plus opaques : mobilisation de groupes identitaires, immixtion dans des élections, contrôles de l’expertise ou des réseaux d’analyse politique, maîtrise des innovations numériques, vassalisation d’États par la construction d’infrastructures stratégiques… L’influence est partout. Elle a ses stratèges, ses agents, ses vecteurs, ses techniques.
Longtemps préempté par les États-Unis, le terrain de l’influence est aujourd’hui multipolaire : la Chine, la Russie, les pays du Golfe ne sont pas en reste et déploient leurs propres stratégies d’influence, en accord avec leur système politique, leur culture, leur histoire, leurs objectifs. Et l’Europe ? Est-elle prête à relever le défi ? Habituée des approches frontales, méfiante à l’égard de manipulations qu’elle juge contraires à ses valeurs, elle doit cependant prendre acte de cette nouvelle pratique des relations internationales si elle ...
