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De la beauté. Vingt-six ariettes

Analyse de livre

En quoi la beauté concerne-t-elle un membre de l’Académie des sciences comme Yves Quéré ? À 14 ans, le futur physicien des solides révisait son cours de mathématiques à côté de la TSF familiale. Soudain il perçoit les accents d’un Adagio de Brahms « qui d’un coup [le] subjuguent ». Tout bascule à l’instant pour l’adolescent, un monde insoupçonné s’empare de lui, lui révèle « une vérité neuve et définitive : cela était, hors de moi ; cela tenait simultanément de l’indémontrable et de l’indéniable ». Avec le pressentiment qu’il allait « en vivre et ne saurait jamais en parler », affirme, modeste, l’académicien : « Cet instant de miracle devrait, dans ses remémorations ultérieures, participer à faire de moi ce que je suis. » Ainsi Yves Quéré souligne-t-il à la fois l’importance de la beauté dans notre vie et celle des chocs qui nous la révèlent, même si la beauté peut aussi nous imprégner progressivement.

QUÉRÉ Yves, « De la beauté. Vingt-six ariettes », Odile Jacob, novembre 2021, 216 p.

Dans son livre, il précise le caractère subjectif de la beauté : on ne devrait pas dire « c’est beau » mais « je trouve cela beau » [1]. La beauté passe par le regard, la qualité de celui-ci. La beauté, comme toute valeur immatérielle, est créée par une interaction [2], en l’occurrence avec le regard du spectateur.

Le beau existe quoiqu’il relève de notre imagination, notre éducation, nos sens. Le regard de l’artiste peut aider le nôtre à ressentir de la beauté. Comme l’écrit Proust, Chardin nous fait découvrir qu’une vulgaire poterie peut nous apparaître « aussi bel...