Revue

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De la féodalité à la cacocratie. Tome 2, Le Paradigme classique « à la recherche des nouveaux mondes »

Analyse de livre

À la lecture attentive de l’ouvrage d’André Maïsseu, un amoncellement de faits historiques incontestables, d’idées originales et de concepts économiques parfois iconoclastes s’entrechoquent, à la fois au sein même de l’ouvrage et au-delà, mettant ainsi en cause l’académiquement correct et le politiquement sucré, pour tenter de ressusciter la démocratie.

MAÏSSEU André, « De la féodalité à la cacocratie. Tome 2, Le Paradigme classique « à la recherche des nouveaux mondes » », Persée, L’Arbre du savoir, février 2018, 768 p.

Depuis les deux guerres mondiales qui ont secoué le monde, l’Europe doute d’elle-même. Sa difficulté à assumer son héritage bimillénaire est la manifestation du malaise qui brouille son identité culturelle. Les frontières géographiques de l’Europe sont-elles définies par ses frontières spirituelles ? L’Europe doit-elle se construire sur le socle de la synergie entre l’héritage des philosophes de la Grèce antique et le docte savoir des clercs des universités médiévales ? Est-elle devenue l’homme malade du monde ?

Les esprits éclairés du siècle des Lumières (des lanternes ?) imposèrent la conception ténébreuse de la décadence romaine. Avec Voltaire, le marchand d’armes, spéculateur, négrier, misogyne et antisémite, la psychopathologie de la dégénérescence se diffusa dans toute la France. Et Voltaire d’écrire le 23 avril 1770 : « Nous sommes dans le temps de la plus horrible décadence. » Cette psychose se traduit par un sentiment de culpabilité que Camus a qualifié de « culpabilité raisonnable [1] ». Elle hante en permanence les écrits des penseurs majeurs du XXe siècle, comme Paul Valéry qui évoque, dès 1919, « l’agonie de l’âme européenne [2] ».

En écho à la peste noire qui ravagea l’Europe entre 1347 et 1352, fit chuter la population française de 41 %, ruina l’économie, bouleversa les arts, la religion et saccagea les fondements sociétaux de l’Europe, Pierre Chaunu et Georges...