Revue

Revue

La Revanche de l’Histoire. Comment le passé change le monde

Analyse de livre

Auteur d’une vingtaine d’ouvrages sur les conflits et la stratégie, Bruno Tertrais est actuellement directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS). Il revient ici sur les thèses opposées, soutenues à quelques années d’intervalle par deux célèbres politologues américains.

TERTRAIS Bruno, « La Revanche de l’Histoire. Comment le passé change le monde », Odile Jacob, mai 2017, 144 p.

Le premier, Francis Fukuyama, professeur de sciences politiques, croyait pouvoir annoncer, en 1992, « la fin de l’Histoire [1] » et l’inévitable triomphe de la démocratie libérale sur les idéologies politiques. Hélas, moins de deux ans plus tard l’Histoire prenait sa revanche avec une multiplication des conflits, des revendications territoriales et des incantations à la grandeur passée. On assisterait même à une « revanche des passions », selon une formule de Pierre Hassner, à qui Bruno Tertrais dédicace d’ailleurs son ouvrage.

À rebours de la vision irénique de Francis Fukuyama, le professeur Samuel P. Huntington diagnostiquait, en 1993, un « choc des civilisations [2] ». Fraîchement accueilli par l’intelligentsia bien-pensante de l’époque, qui se berçait de « mondialisation heureuse », cet ouvrage fut par contre salué comme une œuvre majeure, fondatrice, par Henry Kissinger et Zbigniew Brzezinski. Force est de constater aujourd’hui que la plupart des conflits se développent en ef...